À Poissy, la rue du Général de Gaulle compte plusieurs étals de charcuteries et de boucheries. Mais un attire l’œil plus que les autres. L’ordonnancement est quasi-religieux, les produits parfaitement mis en valeur, rien n’est laissé au hasard. Il s’agit de la Boucherie du centre, tenue par Eddie et Christelle Courtois. Si elle donne l’impression d’avoir toujours été là, la modeste boutique a été inaugurée il y a tout juste 6 mois. Et pour fêter ce mois-niversaire, une cérémonie pour leur remettre le titre de Compagnon du goût était organisée le 16 mars.
« Nous avons comme objectif de créer un réseau de bouchers artisans avec un vrai travail sur la maturation de la viande, autour de la découpe et de la sélection bouchère. Ainsi, le consommateur sait qu’il trouvera des produits de qualité et un boucher passionné par son métier » assène Nicolas Hestin responsable des Compagnons du goût de la zone Île-de-France et Haut-de-France. Par ailleurs, l’association ne fait pas qu’apposer un macaron sur les devantures, elle apporte également des conseils sur les tendances de consommations, analyse la conjoncture et organise des animations afin d’appâter le chaland.
Pour rentrer dans ce réseau, il faut montrer patte blanche. « La charte de qualité se doit d’être respectée, c’est-à-dire que l’artisan sélectionne rigoureusement les produits, défend le terroir français, cherche à transmettre sa passion et perfectionner son savoir-faire » rappelle Nicolas. Et ce n’est pas tout le monde qui peut se prévaloir d’avoir ce titre puisque sur les 16 000 boucheries présentes en France, seulement 600 boucheries peuvent se targuer d’être compagnon du goût. Et cette décoration est remise en jeu chaque année.
La voir dorénavant sur l’échoppe d’Eddie Courtois n’est pas un hasard. Tout d’abord car le cinquantenaire officie en tant que boucher professionnel depuis l’âge de 15 ans. Avant de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, il était directeur général du Relais des Étaliers, un groupe comptant 7 magasins et 70 salariés. « J’ai commencé comme simple salarié puis j’ai grimpé les échelons. Et même lorsque j’occupais ce poste, je n’ai jamais lâché la découpe. L’après-midi je travaillais encore la viande devant le client » raconte-t-il. Le déclic est survenu il y a 3 ans, lors du décès de son patron : « J’ai dirigé le Relais avec un autre collaborateur. Puis nous avons été rachetés et des divergences d’opinion sont apparues. »
« Finalement il fallait voir cela comme un signe » poursuit sa femme. « Il y a quelques années Eddie hésitait à ouvrir sa propre boucherie mais j’avais dit non. Maintenant les enfants sont grands, donc c’est plus simple. »
Ensemble, ils prospectent dans diverses communes et sont séduits par Poissy, « une ville agréable et dynamique ». Après plusieurs visites d’échoppes à vendre, ils ont eu un « gros coup de cœur » pour celle qui deviendra la Boucherie du centre. Dorénavant, Eddie s’attache à faire découvrir la blonde d’Aquitaine et autres viandes de qualité. Des conseils de bon aloi que les Pisciacaises et Pisciacais semblent apprécier puisqu’une clientèle fidèle s’est déjà constituée et était venue voir « leur nouveau boucher préféré » orner sa nouvelle décoration.