Niels Morlot, la danse au plus près des étoiles

Crédits : Chris Deve

« À force d’assister aux spectacles de mes parents, eux-mêmes danseurs amateurs, j’ai voulu me lancer dans la danse classique » raconte Niels Morlot, à peine 18 ans au compteur. Avant d’enfiler les chaussons à 10 ans, le jeune oinvillois a pratiqué le golf et l’escalade et n’imaginait absolument pas sa nouvelle lubie prendre autant de place. Encore moins viser l’école de danse de l’Opéra de Paris. « Mon prof de danse était passé par cette école lorsqu’il était plus jeune donc il m’a guidé vers cet objectif. » explique-t-il.

Mais cette lubie se transforme en véritable passion lorsqu’il voit le documentaire Graine d’Etoile, et le pré-adolescent décide de se jeter corps et âme dans cette discipline. Au bout d’un an, il se présente au concours et passe déjà le premier écrémage, un dossier rempli de photos où seul son physique est jugé : « Ils inspectent la stature, la ligne de jambe, la s­ilhouette en général… »

Mais face à des concurrents beaucoup plus expérimentés, il n’est pas retenu. « J’ai commencé à un âge tardif alors qu’en face ils s’entraînaient depuis plusieurs années » analyse-t-il. Mentalement touché, il songe même à arrêter. Mais devant l’insistance de son professeur lui affirmant qu’il progresse, Niels reprend confiance en lui. Et pour atteindre les sommets, il quitte son académie de Meulan-en-Yvelines et rejoint celle de Monique Arabian, une ancienne danseuse étoile, basée à Paris. Là-bas l’Oinvillois reprend les bases : « Au début j’étais complètement perdu et j’ai fini dans le cours de base avec des élèves qui avaient 2 ans de moins que moi. Finalement j’ai regrimpé les échelons et en six mois je me suis retrouvé dans le cours préparatoire de l’école de l’opéra de Paris. »

Avec désormais quatre allers-retours par semaine à la Capitale, il arrive à obtenir des horaires aménagés au collège, ce qui ne l’empêche pas de ressentir parfois de la fatigue. Cependant, focalisé sur son objectif, il fait fi de cela et s’entraîne durement. Niels repasse une deuxième fois le concours… qu’il rate encore. Toutefois, une des examinatrices s’approche de lui et lui dit : « Tu es encore un peu trop vert mais reviens l’année prochaine. » La troisième sera la bonne.

Dans un cocon presque trop douillet

Pour faciliter la logistique, le danseur finit en internat, ce qui a été difficile la première année : « Je rentrais le vendredi soir et je repartais le dimanche. Cela m’a miné car j’étais loin de mes parents. Nous apprenons à être professionnel donc c’est parfois rude et tu ne peux donc pas compter sur le réconfort de tes proches. » narre-t-il, « Il y avait aussi un rythme très élevé avec des cours le matin puis des leçons de danse, de musique, d’anatomie ou de renforcement musculaire l’après-midi. Cela pouvait durer jusqu’à 18 h 30. » Par ailleurs, le fait d’être tout le temps à l’école de danse lui donnait l’impression de s’enfermer dans ce monde alors qu’il est plutôt curieux de nature. Cependant, ce vase clos lui a aussi permis de se protéger des stéréotypes liés à la pratique de la danse même si cela lui glissait comme l’eau sur les plumes d’un canard.

À la fin de son cursus, Niels obtient son diplôme et passe également le concours afin de rentrer dans la compagnie officielle de l’Opéra de Paris. « Je n’ai pas été pris mais de toute façon je cherchais d’autres compagnies au cas où » dit-il plein de maturité. Il atterrit donc à Toronto – au National Ballet of Canada – dans un programme pour perfectionner sa danse, ce qui ne l’a pas empêché de participer au spectacle annuel de Casse-Noisette et ainsi obtenir son premier salaire en tant que danseur. Actuellement en train de soigner une blessure au genou dans sa bourgade de Oinville-sur-Montcient, il cherchera à retourner au Canada dès que sa rééducation sera terminée. Puis se fixe toujours comme objectif d’intégrer la compagnie de l’Opéra de Paris en 2024.