Amassés dans la salle utilisée habituellement pour célébrer les mariages, l’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France, la Préfecture, le Département, les agences locales de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie et de la Caisse d’Allocations familiales, le GHT Yvelines Nord et bien évidemment la maire de Chanteloup-les-Vignes étaient réunis pour signer un contrat local de santé portant sur la période 2023-2027. « Un CLS repoussé à cause de problèmes de santé » ironise Catherine Arenou en évoquant le COVID-19. Mais philosophe, la doctoresse estime qu’à toute chose malheur est bon puisque s’il a lourdement impacté son territoire, il a montré les failles sur lesquelles la municipalité devait agir. Et elle n’a pas attendu le 21 mars pour démarrer « cette grande aventure ».
« Nous avons parcouru un long chemin depuis deux ans et demi » clame Julie Dieudonné-Trochon, coordinatrice santé de la Ville. Embauchée pendant l’épidémie de coronavirus, sa première mission était d’établir un diagnostic de la commune : « J’ai eu l’occasion de rencontrer tous les partenaires qui approchaient de près ou de loin la santé – c’est-à-dire les associations, les services municipaux, les hôpitaux – afin de savoir ce qu’ils pouvaient m’apprendre sur la population. Puis nous avons aussi croisé avec les bases de données fournies par la Sécurité sociale. » Le constat est sans appel : de grosses carences sur le dépistage de tous les cancers (utérus, seins, colorectal) et une grosse prévalence pour le diabète.
La Ville a donc organisé des dépistages sur ces thématiques – qui rassemblent « 120 ou 130 personnes à chaque fois que nous intervenons » pointe la coordinatrice santé – mais aussi effectué un travail en amont avec les plus jeunes dans les écoles. « Nous devons les sensibiliser sur le fait qu’avoir une meilleure alimentation maintenant aura un impact sur leur futur » détaille Julie Dieudonné-Trochon. Par ailleurs, elle travaille actuellement avec la Sécurité Sociale sur un escape game qui aura lieu à Carrières-sous-Poissy qui permettra aux participants de mieux connaître leurs droits. « Ils pourront également en savoir plus sur les mutuelles car un chantelouvais sur quatre n’en a pas » déplore l’employée communale.
Identifié comme un territoire en souffrance
Le Contrat Local de Santé doit surtout pérenniser ce genre d’actions afin de répondre aux quatre axes stratégiques définis par la municipalité : l’accès aux droits et aux soins, construire des parcours santé adaptés (pour la santé mentale, les personnes âgées, les femmes), accompagner la santé des jeunes de 0 à 25 ans et développer un environnement favorable à la santé. « Le CLS nous rend visible. Il y a deux jours, j’ai été contactée par IPC, une instance financée par la CPAM 78, pour qu’elle puisse faire des bilans de santé » indique Julie Dieudonné-Trochon. De plus, des financements sont à la clef afin d’extirper Chanteloup-les-Vignes du désert médical : seulement quatre médecins généralistes sont présents sur ce territoire comptant 11 000 habitants, avec aucun orthophoniste ni ergothérapeute par exemple.
Pour répondre à cet écueil, un projet de maison médicale doit voir le jour en 2025-2026 grâce à des subventions du conseil départemental, de la Région Île-de-France et de l’ARS. En attendant l’hypothétique pose de la première pierre, une cabine de téléconsultation ouvrira ses portes le 11 avril, un service disponible de 8 à 20 heures en semaine et de 8 à 12 heures le samedi, avec prise de rendez-vous sur Internet. « C’est un dispositif assez high-tech avec des outils connectés permettant la prise de tension, des mesures d’audition… » détaille Etienne-Jean Dubois, directeur du territoire d’Action départementale Seine Aval. Il est important de noter que pour être éligible à ce contrat, le taux IDH-2 – un indice permettant de classer les villes selon des critères d’insertion, d’étude, de santé, de pouvoir économique – doit être faible. Un ranking peu honorable dont la Ville aimerait donc sortir.