Les Mureaux, référence francilienne du Breakdance

Dès que les portes du COSEC Pablo Neruda aux Mureaux se sont ouvertes, presque 500 personnes se sont précipitées pour garnir les tribunes du gymnase. Tant et si bien que finalement il manquait quelques sièges et certains spectateurs ont dû s’assoir autour de la piste, à bonne distance tout de même, pour ne pas gêner les performances des B-boys et B-girls lors du battle inter-régional Île-de-France/Normandie/Centre-Val de Loire.

Un regroupement régional qui peut surprendre de prime abord mais pas Pascal Blaise, le coordinateur Île-de-France et Centre-Val-de-Loire IDF dans la commission breaking intégrée dans la Fédération française de Danse : « Quand cette culture est arrivée en France dans les années 80, c’était surtout dans les grandes villes comme Paris, Strasbourg, Marseille, Lyon. 40 ans plus tard c’est la province qui nous ramène le plus d’athlètes et surtout de meilleur niveau. »

Balancée à la volée il y a deux ans et demi, la phrase « nous voulons devenir le Clairefontaine du Break » – en référence au lieu saint du football français d’où sortent les futures pépites du ballon rond – prononcée par l’équipe municipale est devenue une réalité. « C’est au moins le 6ème événement du genre que nous organisons dans la ville » explique Damien Viguier, adjoint au maire chargé des Sports et de la Santé, « nous avons travaillé avec tous les acteurs du break, que ce soit la fédération, les associations et aussi avec l’éducation nationale. » En effet, le collège Jules Verne dispose de classes à horaires aménagés pour la danse (CHAD) et a bénéficié du dispositif PACTE lors duquel des danseurs de l’équipe de France ont dispensé des cours pendant 16 h. Par ailleurs, le centre de la danse Pierre Doussaint accueille les futurs entraîneurs de Breaking pendant 4 mois dans le cadre de leur formation avant qu’ils ne passent les 6 suivants à l’INSEP.

Le Breakdance a une nouvelle fois fait vibrer les Mureaux grâce à une salle chauffée à blanc par Antoinette Gomis et Big Dood.

Alors ce n’est pas une surprise de voir le public vibrer pour chacune des performances. Il faut dire que tout le monde se donne à fond. Tout d’abord Antoinette Gomis, la leadeuse des Funky Ladies – dont le groupe rafle quasiment toutes les compétitions de danse hip-hop dans lesquelles il s’engage – et Big Dood assurent le show en chauffant la foule. Quant aux danseurs, ils enchaînent figures et prises de risques afin d’en mettre plein les yeux aux spectateurs. Même les entractes, permettant au Manimal Crew ou à la Start 2 Step Academy, récente qualifiée pour la finale mondiale des World Of Dance programmée à Los Angeles en août 2023, de se produire et ainsi assurer que l’ambiance ne redescende pas tel un soufflet. À ­l’applaudimètre, tout semble ­parfait.

Derrière la scène, Pascal Blaise regarde cela avec un œil amusé. Il sait que c’est la dernière ligne droite : « Il reste 500 jours, donc c’est vrai que nous avons un peu la pression. Mais depuis 3 ans, elle nous a permis de bien structurer la discipline au niveau fédéral. Elle fait même du bien pour tenir le truc jusqu’au bout. » Une pression que n’a pas subi non plus Bboy Noésan, Bgirl Kami, Bboy Rémi et Bgirl Célia, respectivement vainqueur de leur catégorie en +16 ans et -16 ans. Si chacun intègre l’équipe de France de Breaking et se qualifient pour la finale nationale qui aura lieu en avril à Reims, le chemin reste encore long pour atteindre les JO 2024. Un événement qui fait saliver l’équipe municipale des Mureaux. « Notre rêve, et nous y travaillons tous, serait d’accueillir une équipe olympique de cette discipline. J’aimerais bien avoir le Sénégal » avoue Damien Viguier.