Cimetière Duhamel : Bientôt un carré musulman qui ne dit pas son nom

L’espace multiconfessionnel du cimetière de Gassicourt arrivant à saturation, la mairie envisagerait de proposer aux familles des défunts musulmans d’être inhumés au sein du cimetière Duhamel, celui le plus proche du centre-ville qui doit son nom au boulevard qui le longe. Ce qui serait, sous la forme envisagée, une première. C’est en tout cas ce qui ressort d’une délibération d’un conseil municipal récent.

Le maire qui appartient à la tendance la plus conservatrice de l’église catholique sait qu’une partie non-négligeable de son électorat n’adhère pas forcément à cette option, d’où la publicité faite à dose homéopathique sur le sujet.

L’idée qui a germé dans l’imagination fertile des décideurs communaux dès qu’il s’agit de dissimuler une réalité, c’est de baptiser ce nouvel espace multiconfessionnel du terme de « division ».

Il y aurait donc au cimetière Duhamel, non pas un espace multiconfessionnel comme à Gassicourt mais des divisions consacrées aux sépultures multiconfessionnelles. Pour des raisons sociales et historiques propres à Mantes-la-Jolie qui n’échappent à personne, les musulmans sont ultra-majoritaires à entrer dans cette catégorie.

« Cette décision dans sa forme démontre bien que le maire est l’otage d’une partie de son électorat catholique ultra conservateur, lequel supporte mal que ce qu’il considère comme SON cimetière soit aussi fréquenté par les mantais musulmans, relève un habitué de la collégiale. Si ces gens-là avaient deux sous de tolérance et le sens de l’observation, ils se rendraient compte que des défunts musulmans sont inhumés au cimetière Duhamel depuis des décennies. Ce sont ceux qui se sont battus dans les rangs de l’armée française lors des deux guerres mondiales de 14-18 et 39-45 ».

Membre de la communauté musulmane, Abderhamane considère que les élus mantais feraient bien de s’activer sur le sujet s’ils ne veulent pas aller au-devant de graves déconvenues : « Si les plus anciens des musulmans, ceux qui ont quitté leur pays pour venir travailler en France, notamment dans l’automobile pour ceux installés à Mantes-la-Jolie, ont gardé des liens forts avec leur terre natale veulent y être inhumés. Mais pour ceux qui sont nés ici, dont les enfants et les petits-enfants ont aussi vu le jour ici, ils ne souhaitent pas forcément être enterrés dans un endroit dans lequel ils n’ont jamais vécu. Et contraindre leurs familles à faire des voyages longs et couteux pour se recueillir sur leurs tombes. C’est donc à Mantes-la-Jolie qu’ils souhaitent rester après la vie. C’est le sens de l’histoire ».