La gare de Mantes-la-Jolie est prête pour Eole

Voilà 5 ans que les usagers de la gare de Mantes-la-Jolie ne pouvaient accéder au bâtiment voyageur nord, du côté de la place du 8 mai 1945. 5 années de travaux pour rénover, moderniser et agrandir ce bâtiment historique qui s’est enfin dévoilé le mardi 4 avril, à l’occasion de son inauguration en présence de la Présidente de la Région Valérie Pécresse, du Président du Département Pierre Bédier, du sous-préfet de Saint-Germain-en-Laye Jehan-Éric Winckler, ou encore du maire de Mantes-la-Jolie Raphaël Cognet.

Une inauguration qui, d’abord, avait pour mission de présenter les innovations et les nouveaux équipements apportés au bâtiment. De l’extérieur, on remarque déjà que la façade historique de cette gare vieille de 180 ans (!) a été préservée. Cependant, dans sa structure, tout a changé. Cette station « nouvelle génération » se veut d’abord plus confortable, avec de nouveaux services prisés des voyageurs : des services de billetterie, deux commerces dont un Relay (le second, encore en appel d’offres, n’ouvrira qu’en 2024), des automates de vente ainsi qu’un espace d’attente et de micro-working. Ces ajouts ont été rendus possibles par l’ajout de deux extensions, à l’est comme à l’ouest, qui permettront d’accéder directement aux quais depuis le parvis après avoir validé son titre de transport.

Ce nouveau bâtiment se veut aussi plus accessible. En plus de nouvelles bandes de guidage et de balises sonores pour les malvoyants, il se dote de guichets accessibles aux usagers en fauteuil roulants. La dimension écologique a également été primordiale dans la rénovation de l’édifice, désormais mis aux normes « Haute Qualité Environnementale ». On notera le faible impact environnemental du chantier et le choix des matériaux soucieux de l’environnement, un système de récupération d’eau pour alimenter les sanitaires et nettoyer le bâtiment, ainsi que des performances énergétiques permettant au bâtiment de dépasser de 30 % les critères génériques environnementaux pour le même type d’édifice.

« Le travail réalisé ici illustre bien notre métier : moderniser une infrastructure ancienne avec les surprises que ça peut comporter, et moderniser une infrastructure en exploitation avec les difficultés qui vont avec, souligne Pierre Labarthe, directeur des gares d’Île-de-France. Moderniser, c’est rendre la gare accessible aux personnes à mobilité réduite, accroître sa capacité de 6 000 à 10 000 voyageurs par jour, et prendre en compte les enjeux environnementaux dans la conception du bâtiment ». Sur les 10 gares exploitées aujourd’hui qui serviront d’arrêt au RER E, 7 ont d’ores et déjà été rénovées.

Cette seconde jeunesse, d’un coût total de 15,9 millions d’euros, va permettre à la gare d’accueillir la tant attendue extension du RER E. « C’est le symbole d’un nouveau commencement en matière d’aménagement du territoire, s’est satisfait le président du Département des Yvelines, Pierre Bédier (LR).

Cette seconde jeunesse, d’un coût total de 15,9 millions d’euros, va permettre à la gare d’accueillir la tant attendue extension du RER E. Mais alors que celle-ci était d’abord attendue pour 2024, voilà qu’il faudra finalement patienter jusqu’à fin 2026 pour voir débarquer ces nouveaux trains à Mantes-la-Jolie. « Ce décalage est lié à différents sujets : d’abord la crise sanitaire, qui nous a retardé d’à peu près 9 à 10 mois, et puis derrière on a eu un certain nombre d’autres difficultés, justifie Xavier Gruz, directeur du projet Eole. Mais aujourd’hui, deux ans sur l’ensemble des travaux d’Île-de-France, on n’est pas du tout le chantier le plus en retard, bien au contraire. Quand on regarde les délais du Grand Paris, ce sont des décalages encore plus importants. On a deux grosses années de travaux en 2025 et 2026, on est focalisé dessus pour délivrer le service voyageur dans les meilleures conditions ».

L’arrivée d’Eole, bien que plus tardive que prévue, permettra au territoire et ses habitants de bénéficier d’un confort et d’un gain de temps indéniable. Outre les 55 kilomètres de voies neuves ou rénovées, la vallée de Seine sera traversée par les RER E « nouvelle génération » pouvant circuler jusqu’à 80 km/h. Ainsi, depuis Mantes-la-Jolie, on mettra 40 minutes pour rejoindre La Défense, contre 52 minutes aujourd’hui. Sans parler du renforcement de la desserte : pour 2 Transiliens en heure creuse aujourd’hui, on aura 4 RER demain. Même chose en heure de pointe avec 6 RER contre les 3 Transiliens actuels.

« C’est le symbole d’un nouveau commencement en matière d’aménagement du territoire, s’est satisfait Pierre Bédier. En réalité, nous inaugurons bien plus qu’une gare. C’est pour moi la satisfaction d’un combat commencé il y a 31 ans. Cette infrastructure est un outil de développement du territoire le plus abîmé de l’ouest parisien : le Mantois, c’est moins de 10 % de la population des Yvelines mais 25% des personnes au RSA. […] Le RSA c’est un indicateur de pauvreté, mais aussi un indicateur d’inadaptation à la société. C’est donc la démonstration par ces chiffres que ce territoire doit être prioritaire pour l’État, la Région, le Département, et que cette priorité nous conduit à le redévelopper ».

La Présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse était présente pour affirmer son soutien, et sa volonté de faire de Mantes-la-Jolie un « nouveau pôle de centralité ».

Cela tombe bien, la Présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse était présente pour affirmer son soutien, et sa volonté de faire de Mantes-la-Jolie un « nouveau pôle de centralité ». « L’idée, c’est qu’on puisse travailler près de chez soi, qu’on puisse se déplacer moins, qu’on ait la même qualité de service, le même accès à l’éducation, le même accès à la santé à Mantes qu’à Paris. Nous sommes à la fois la région la plus riche de France, mais aussi celle qui a le plus haut taux de pauvreté derrière les Hauts-de-France. Nous sommes aussi la région qui a la deuxième dynamique démographique après les Hauts-de-France. Ça veut dire qu’il y a une jeunesse en Vallée de Seine à qui il va falloir de l’emploi. Il y a aussi une désindustrialisation qui a frappé ce territoire, et qui nécessite un deuxième souffle économique, c’est la notion de ré-industrialisation. Derrière Eole, il y a tout le projet de développement de la Vallée de la Seine ».

Toutes ces belles promesses laissent présager de nouvelles solutions enthousiasmantes pour les Mantaises et Mantais. Mais en attendant, ces nouveaux trains sont loin de pointer le bout de leur nez. Un constat quelque peu alarmant, tandis que le coût total du prolongement ouest du RER E atteint les 5,4 milliards d’euros après les surcoûts, ce qui en fait le plus gros projet de transport d’Île-de-France. Selon Valérie Pécresse, c’est du côté de l’État qu’il faut chercher un coupable. « Nous avons trouvé les moyens d’investir pour construire Eole, mais l’État n’est pas au rendez-vous des financements, grince-t-elle. Nous allons nous retrouver à ouvrir une ligne sans avoir l’argent pour faire fonctionner les trains. C’est ballot ! À ce stade, nous n’avons pas l’argent pour ouvrir la ligne. La révolution des transports passe aussi par la stabilisation des recettes d’Île-de-France Mobilités. Le ministre des transports doit nous entendre : il nous faut une nouvelle recette fiscale ». Rendez-vous, on l’espère, en 2026.