Un mur du harcèlement créé par et pour les jeunes

Le 5 avril, pour l’inauguration de son « Mur du Harcèlement », le lycée Jacques Vaucanson des Mureaux a tout de suite démontré tout le sérieux qu’il avait mis dans cette réalisation. Tout d’abord, les élèves de la formation BAC Pro des métiers de l’accueil étaient en charge d’amener les invités à bon port, le tout dans un dress code parfaitement soigné. Ensuite, une fois sur place, le ton est directement donné grâce à une scénette reprenant un cas de harcèlement, avec en toile de fond une musique aux paroles et aux sonorités graves.

Tout y est : insultes, utilisation des smartphones et bousculades sur une écolière qui n’avait rien demandé. Les bourreaux portent des masques, non pas pour empêcher toute identification mais pour symboliser le fait que chacun peut le devenir. En effet, si tous les jeunes connaissent le mot « harcèlement », peu savent vraiment le caractériser, ne voyant dans leurs brimades qu’un simple jeu. Malgré ce spectacle insoutenable, aucun œil ne se détourne. Des sauveurs finissent par débarquer et après une chorégraphie ressemblant à une médiation, l’intégralité des acteurs et actrices finissent par s’enlacer.

Une mise en scène qui a émue Christine Gallois, la proviseure adjointe du lycée depuis 2021. Avant la dernière rentrée scolaire, elle n’avait jamais été confronté à des cas de harcèlement, « puis cela a commencé avec un, puis deux, et enfin un troisième. Il a fallu agir car le bien-être de nos élèves est important ». « C’est une prison dont il est difficile de sortir et certains préfèrent quitter leur établissement afin d’échapper à cet enfer. » ajoute Patrice Leroy, le proviseur. Alors, pour que chaque lycéen soit moteur du changement, ce mur ­affichera leurs propres ­réalisations.

« Elles ont été produites durant mon cour. Ils ont écrit des récits autobiographiques en rapport avec cette thématique afin de résoudre la situation qui a eu lieu et ressentir ce que la victime a pu vivre » raconte Karine Masseret Bergeron, professeur en histoire-géographie. Une émulation qui a même poussé certains élèves à devenir ambassadeur de ce projet dans l’établissement. Si Christopher voulait « aider les plus jeunes », Demba et Salif ont vu « des cas se dérouler devant leurs yeux » et désiraient agir. Par ailleurs, ils ont pu s’appuyer sur la visite du rappeur Franglish pour mieux comprendre les conséquences de leurs actes. « Les propos d’une personne connue sonnent beaucoup plus fort et aident les jeunes à ouvrir les yeux » constate Karine Masseret ­Bergeron.

7 mois plus tard, le mur est enfin fini et a pu dévoiler toutes les compositions. Entre les textes et les photos se trouvent également des affiches de la plus haute importance. Cinq d’entre elles ont servi de base pour celle qui a été présentée au concours pHARe – du nom du programme mis en place dans les établissements scolaires afin d’éviter le harcèlement grâce à la détection des signaux faibles – et primée par l’académie de Versailles. Ce mur d’environ cinq mètres et créé par trois classes du lycée reflète parfaitement les mots de François Garay, maire DVG des Mureaux : « Nous appartenons tous à la grande chaîne des humains et lorsque nous nous tenons la main, cela amène respect, égalité. Une énergie positive se transmet également et c’est ainsi nous vaincrons celle sombre du ­harcèlement. »