Sofiya Oulhaci : « Une crèche bruyante, c’est normal »

Crédits : Buchelay Unis

Tout d’abord, pouvez-vous nous ­expliquer ce qu’il s’est passé le 30 mars ?

En fin de journée, un voisin a donné tellement de coups dans la porte que la gâche électrique a fini par céder. Une fois à l’intérieur, il a hurlé « vous voulez un fait divers, vous allez avoir un fait divers ». D’après mes équipes, il avait un cutter bleu dans la main mais ne le pointait pas vers eux.

Pendant ce temps-là, une de mes employés a pris cinq enfants contre elle pour les protéger. Une autre s’est réfugiée dans une salle réservée au change des bébés avec un autre enfant et sa maman qui venait d’arriver. Dès que j’ai été alertée, je me suis déplacée et je suis arrivée sur place en même temps que la BAC.

Les relations avec ce voisin ont toujours été houleuses ?

L’installation de la crèche et son arrivée ont été quasiment simultanés, en 2012. Au début, cela arrivait qu’il y ait quelques petits soucis mais les problèmes étaient résolus de manière courtoise. C’est à partir de 2015 que la situation a dégénéré. Il a commencé à insulter mes employés, puis moi. Et depuis deux ans, nous trouvions de l’huile sur la porte, de la glu avec des bris de verre dans la serrure, des crachats. Parfois il donnait des coups dans le mur mitoyen ou sonnait de manière incessante afin de réveiller les enfants et déguerpissait avant que nous puissions voir ce qu’il faisait.

Quelles étaient les explications pour qu’il soit aussi agressif ?

Nous avons appris qu’il était agent de sécurité et qu’il travaillait de nuit. Mais dernièrement il travaillait au Havre en pleine journée donc je ne comprends pas. Après, il avait ses périodes, il ne devenait virulent qu’en hiver et au printemps. Mais nous avions mis des affiches avec quelques rappels comme fermer la porte sans la claquer ou lorsqu’il y avait des transmissions, nous les faisions dans la salle d’activité au lieu de les faire dans le couloir.

Le voisinage et le maire Stéphane Tremblay ont également parlé de problème d’insonorisation.

Comme dans tous les nouveaux logements présents dans Buchelay, l’isolation sonore laisse parfois à désirer. C’était un problème que certains Bucheloises et Buchelois m’avait remontés lorsque j’étais élue au conseil municipal (de 2020 à 2022, en tant que chargée de la politique sociale, des logements et du handicap ndlr). Après une crèche, cela vit, je m’inquièterais s’il n’y avait pas de bruit.

Vous aviez déjà demandé l’assistance de la Police ?

Au début, la police municipale intervenait quand cela allait trop loin. Par la suite, nous appelions la police nationale mais elle disait que cela restait une querelle de voisinage. Comme je gère 7 crèches, je disais à mes coordinatrices de porter plainte lorsqu’il abusait, sauf qu’elles ne le faisaient pas forcément.

Est-ce qu’il y a eu des tentatives de médiation ?

Nous avions mis en place une médiation avec le bailleur mais il n’était pas venu car il ne voulait pas me voir. Par ailleurs, le bailleur lui a proposé trois autres T4 dans des villes aux alentours comme Mantes-la-Ville ou Mantes-la-Jolie mais il ne voulait pas partir de Buchelay, prétextant la présence de sa belle-famille dans la commune. Mais lui me disait aussi « c’est toi qui partiras et tu finiras par fermer ta crèche ».

Après cet épisode, qu’est-ce qui a été mis en place pour venir en aide aux familles ?

J’ai réussi à trouver quelques places pour celles qui voulaient des places rapidement. D’autres se sont mis en arrêt maladie ou congés pour gérer leurs enfants. Une cellule psychologique a été également mise en place. Je les ai tenus au courant de toute la procédure ­judiciaire.

Avez-vous été soutenue ?

La CAF des Yvelines, par l’intermédiaire de Madame Barrois m’a appelée pour me soutenir si j’en avais besoin. En revanche la Mairie m’a juste envoyé un mail à la coordinatrice « merci de nous transmettre les coordonnées des Buchelois pour voir ce qu’on peut faire pour eux ».

Quand est-ce qu’est programmée la réouverture ?

Mardi. Lors des réparations, j’ai fait installer des alarmes avec détecteur de mouvement avec des caméras et prises de photos si quelqu’un sonne. Mes salariés ont même un bouton « panique » pour appeler la police en cas de besoin.