La référence est à peine cachée. « L’idée des Gilets Bleus date d’il y a 3 ans, c’était un des thèmes majeurs de ma campagne, la proximité avec les commerçants de notre territoire car beaucoup m’ont dit « on ne vous voit que lors des élections » » avoue Guillaume Cairou, le président de la Chambre de commerce et de l’industrie Versailles-Yvelines. Alors, en cette journée du 4 avril, des élus de l’instance publique de l’État sont allés tâter le pouls des commerces de proximité de Poissy. Première escale devant un primeur faisant face à « 18 000 euros d’achats en plus, soit 50 % de hausse » qu’il ne peut évidemment pas répercuter totalement sur ses clients. Même son de cloche devant un boucher : « J’ai pris une claque pendant le COVID et je n’ai toujours pas récupéré mon chiffre d’affaires d’auparavant. Et pour ce week-end de Pâques, j’ai 1/3 d’agneaux de commande en moins. » Plus loin, un poissonnier puis un fleuriste continuent d’abonder en leurs sens. « Si je peux arrêter d’acheter du poisson mais je ne peux pas arrêter de payer ma facture d’électricité » plaisante l’un tandis que l’autre déplore de voir un de ses bouquets passer de 26 euros à 31,50 euros à cause de l’augmentation des coûts de l’énergie.
Face à ces discours, le président de la CCI Versailles-Yvelines ne désire qu’une chose : les aider. « Il faut écouter ces commerçants qui sont en difficultés mais nous sentons un climat résilient » ajoute-t-il. En dehors des problèmes économiques, ils partagent un autre point commun : un métier chronophage, une problématique que doivent aussi résoudre les Gilets Bleus. « Comme ces chefs d’entreprises n’ont pas le temps d’aller à Versailles, sur les 4 prochaines années, toutes les semaines ou les deux semaines, nous nous déplacerons dans des bourgs ou centres-bourgs pour faire remonter les problèmes » explique le Mantais d’origine.
Par ailleurs, cela pouvait être étonnant de voir une CCI aller à la rencontre de ce type de sociétés alors que l’imaginaire collectif se la représente plus au chevet des entreprises du secteur tertiaire. « L’économie tient dans nos territoires grâce à la diversité de nos nombreux commerçants. Comme son nom l’indique, la Chambre de commerce et de l’industrie doit privilégier les commerces ET les industries. Tout le tissu économique est extrêmement lié », analyse Guillaume Cairou, « par ailleurs, de plus en plus nous voyons des petites industries qui ont une double casquette CCI-Chambre des artisanats voire triple avec la chambre d’agriculture. »
Première réponse pour répondre aux difficultés économiques actuelles, un prospectus rappelant les aides aux entreprises déjà existantes. Par exemple, le dispositif de l’amortisseur d’électricité, les aides à l’embauche de 6 000 euros pour des apprentis ou des jeunes de moins de 30 ans en contrat de professionnalisation mais aussi de participer à la transformation numérique avec un diagnostic individuel gratuit accompagné d’un plan d’action. « Un tournant à ne pas rater » clame Daniel Billon, le gérant de Veleos, vendeur et réparateur de vélos, « Même si ton produit est moyen, avec une bonne com’ cela prend. »
Mais l’organisme chargé de représenter les intérêts des entreprises devra plancher sur des problématiques plus profondes comme la reprise de ces échoppes avec des métiers aux allures pénibles. « Un problème qui touche de nombreux commerces dans les territoires ruraux, grande composante de notre commune yvelinoise » détaille le dirigeant fondateur de la société Didaxis. De plus, il estime que 90 % des actifs devront se reconvertir d’ici 2030 ou au moins profondément transformer leur profession afin de faire face aux multiples changements. Autre point : trouver des solutions tournées vers l’économie des territoires afin de privilégier l’emploi local pour un secteur toujours considéré en désindustrialisation.