Quand les jeunes parlent de santé mentale avec un délégué interministériel

L’objectif était de trouver des idées pour la Ville, de parler des actions de la municipalité et de l’État pour la jeunesse, et d’échanger sur l’engagement citoyen des membres du conseil municipal des jeunes. Mais ces derniers ont profité de leur rencontre avec Mathieu Maucort, délégué interministériel à la jeunesse, et avec Karl Olive, député des Yvelines, pour aborder ce qui semble vraiment les préoccuper : la santé mentale et le stress à l’école.

Après des débuts timides, durant lesquels les élus ont tenté de mettre à l’aise les jeunes réunis dans la salle du conseil municipal, c’est Soazig, élève du collège Notre-Dame, qui s’est lancée. « C’est important de faire des interventions sur la santé mentale et le stress à l’école. C’est quelque chose qu’on oublie trop facilement chez les jeunes, et dont on devrait tous se préoccuper. Ce dont on a besoin, c’est que des professionnels nous en parlent. S’ils pouvaient être présents en permanence, ce serait encore mieux ».

L’occasion pour Céline Richard de rappeler les actions mises en place par La Source, structure municipale dédiée à la jeunesse dont elle est la directrice. « Un psychologue reçoit des élèves une fois par semaine, gratuitement et de façon anonyme », a-t-elle souligné. La maire de Poissy, Sandrine Berno Dos Santos, s’est elle aussi dite concernée par ce « fléau » qu’elle attribue aux réseaux sociaux. « Avant, quand ça se passait mal à l’école, on rentrait à la maison et on retrouvait son cocon, c’était terminé. Maintenant le harcèlement continue, ça s’arrête jamais ».

Les jeunes ont particulièrement insisté sur le rythme quotidien imposé par le collège et le lycée, la pression de l’orientation et le manque de temps libre.

Les jeunes ont particulièrement insisté sur le rythme quotidien imposé par le collège et le lycée, la pression de l’orientation et le manque de temps libre. « Certains ont parfois du mal à apprendre, alors ils rattrapent en dehors des cours, certains professeurs ne sont pas tolérants envers ceux qui ont des problèmes », observe l’un d’entre eux. « On nous demande toujours de trouver du temps, mais on ne nous apprend jamais comment s’organiser », ajoute sa camarade. « Écouter à sa table pendant 8 h, ce n’est pas forcément la place de l’enfant », va jusqu’à glisser un autre élève.

« Vivement que vous travailliez ! », ironise Sandrine Berno Dos Santos face à la multiplication de ces observations. Elles témoignent cependant d’un mal-être qui gagne du terrain depuis la pandémie de Covid-19 : une étude de l’Ipsos réalisée en décembre 2022 montre que la moitié des adolescents de 11 à 15 ans serait touchée par l’anxiété ou la dépression. « On relève une espèce d’omerta qui concerne le stress à l’école et le harcèlement qui ne dit pas son nom, a déclaré Karl Olive, concerné, à la fin de la rencontre. C’est quelque chose qui me préoccupe et que je vais faire remonter au sommet de l’État ».

« Il n’y a rien de pire qu’un élève qui cache son stress, qui finit par le ronger de l’intérieur avec parfois des conséquences de dépression, ajoute Mathieu Maucort. Il faut qu’on arrive à travailler sur l’éducation à ça, le fait de savoir comment mieux gérer son emploi du temps, le fait de savoir qu’on peut parler, soit à des camarades, soit à des adultes. Il faut qu’on développe cet accueil de premier niveau pour que dès qu’un élève se sent pas bien, il soit pris en charge. Et ça c’est quelque chose que nos générations, les plus de 30 ans, on ne réalise pas bien, car à nos époques c’était un petit peu moins exprimé. Maintenant c’est devenu un enjeu absolument incontournable à l’école, donc on y travaille avec le ministre de l’éducation nationale ».