Le Département réfléchit à préempter les terrains en vente de Renault-Flins

« Le but est de faire revenir Renault à la table des négociations. Nous avons des entreprises où nous avons des relations beaucoup plus partenariales » clame Pierre Bédier, le président du Département après avoir entériné le vote d’une enveloppe de 140 millions d’euros afin de maîtriser le foncier du site Renault Flins. Une somme qui pourrait permettre à l’entité gérante des Yvelines de préempter les terrains que la marque au losange souhaite vendre. Une action soutenue par la communauté d’agglomération Grand Paris Seine-et-Oise. Pour mieux comprendre l’affaire « Flins », il faut revenir quelques années en arrière. En mai 2020, l’Alliance annonçait l’arrêt de son activité de production automobile – plus particulièrement celui de la Zoé, voiture dont disposent abondamment les équipes du Département – pour se concentrer sur le projet « ReFactory ». Goodbye les véhicules neufs et utilitaires, hello les activités circulaires. Renault aménage donc des ateliers de transformation de véhicules existants afin de prolonger leur durée de vie et s’engage également à recycler des automobiles hors d’usage.

Résultat, les 237 hectares qu’occupe l’usine mordant sur les communes de Flins-sur-Seine et d’Aubergenville sont surdimensionnés et la direction souhaite se débarrasser de presque la moitié. Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) voit donc le jour. « Nous n’avions pas répondu à l’AMI car sinon on nous aurait accusé de conflit d’intérêts mais nous étions favorables à un projet porté par la Caisse des dépôts et consignation, une filiale de la ville de Paris et Haropa Port » signale le président du Département. Toutefois, le constructeur automobile n’est pas sur la même longueur d’ondes et choisit une autre société.

Retour au point de départ ?

« Le problème des logisticiens, c’est que ce sont des grandes boîtes dans lesquelles on stocke beaucoup de choses mais qui provoquent peu d’emploi » déplore Pierre Bédier, « par ailleurs, il [le logisticien] a prévu une implantation de leurs bâtiments sur des emprises ferroviaires ainsi que sur les bords du fleuve, empêchant tout accès fluvial. » L’ancien secrétaire d’État souhaite également sauvegarder cette « pépite économique » pour une autre raison : un sol déjà artificialisé. En effet, la loi « Climat et résilience » du 22 août 2021 a posé comme objectif le « zéro artificialisation nette » (ZAN) à l’horizon de 2050, empêchant donc la transformation d’espaces naturels, agricoles et forestiers. Un texte nécessaire qui pousse donc le conseil départemental à avancer ses pions.

Dans cette partie d’échec, le Département veut renouer un dialogue rompu il y a un an et profite d’un cadre législatif en sa faveur : « La loi nous autorise, puissance publique, à acheter des terrains qui vont être vendus. Nous le ferions dans le seul but de voir un projet de développement économique et créateur d’emploi. Nous sortons du bois car c’est trop important. » En effet, la Vallée de Seine souffre depuis de nombreuses années d’une désindustrialisation massive et d’un chômage élevé. Face à ce risque de préemption, le vainqueur de l’appel à manifestation d’intérêt pourrait donc retirer ses billes et aller voir ailleurs où un territoire voudrait bien de lui.