Malgré l’homophonie, il n’y aucun rapport entre la future application Yami et une chanson datant de la fin des années 60 chantée par le groupe Ohio Express et repopularisé lors d’un épisode d’une famille à la peau jaune. Cela signifie « Your action makes impact », littéralement « vos actions ont de l’impact » pour les non-anglophones. Mais quel impact ? Celui écologique, car avec 68 millions d’habitants et un taux de rejet de CO2 par habitant parmi les plus élevés dans le monde, l’Hexagone a son rôle à jouer.
Cette future application téléphonique sort de l’esprit d’Adrien Marty. Le Tacoignièrois en a eu marre de constater l’immobilisme ambiant malgré des rapports annuels du GIEC de plus en plus alarmant et s’est dit qu’il pouvait enclencher des changements. Cette appétence pour l’écologie survient presque quinze ans auparavant. « J’étais en troisième et nous avions étudié les éoliennes ainsi que les énergies renouvelables. Je n’y connaissais rien et cela m’a passionné » se souvient le jeune homme de 27 ans. La première pierre d’un édifice qu’il va construire tout le long de son parcours scolaire : durant le lycée il s’inscrit à une option génie civil puis décrochera un diplôme d’ingénieur en efficacité énergétique dans les bâtiments.
Après trois ans d’alternance, il met en pratique ces connaissances… en s’engageant dans une association humanitaire. Il s’envole alors pour les Philippines permettre aux enfants déscolarisés des bidonvilles de trouver un emploi à travers des formations que l’association fournit. « Je devais construire cet éco-lieu qui utilisait l’énergie solaire ainsi que des murs en bambou » explique-t-il. Le déclic arrive au même moment : Adrien veut monter son propre projet. Il tergiverse entre l’envie de vulgariser des actions environnementales, de tenir un blog, mais voit que le marché est saturé : « je ne vais pas rajouter mon grain de sel sur ce qui fait très bien. »
Publicité solidaire et responsable
En septembre 2020 il revient en France et expérimente deux applications pour changer son comportement. Une basée sur la récompense psychologique sur des actions effectuées et une autre permettant d’effectuer des dons grâce au visionnage de trois publicités par jour. Et à l’instar d’un Steve Job qui avait mélangé des fonctionnalités déjà existantes pour créer son IPhone, Adrien combine les deux. Il veut déjà répondre à une première problématique : permettre aux utilisateurs d’évaluer leur impact carbone. Pour cela il s’appuie sur la méthode de calcul de l’ADEME qui sont en open source.
Puis – et c’est le modèle de l’application – donner une dynamique positive entre les citoyens, les entreprises et les associations. « Pour créer cette synergie entre ces trois acteurs clefs de la société, j’ai incorporé de la publicité solidaire et responsable » détaille l’ingénieur en efficacité énergétique, « 60 % des revenus générés par les visionnages ou les clics seront reversés à des projets associatifs choisis par les utilisateurs ». Par ailleurs il assure que toutes les entreprises mises en valeur seront sélectionnées pour leur vertu et les services qu’elles proposent.
La construction de cette application ne s’est pas faite en un claquement de doigts. Si au début, il comptait apprendre sur le tas, Adrien s’est finalement appuyé sur des développeurs et des designers, une expérience particulière : « C’est un univers très technique, donc je ne connaissais pas les écueils à éviter et j’avais un peu peur des entourloupes. » Enfin, pour survivre, il mise sur une dizaine de milliers d’utilisateurs : « Mon business plan a pas mal changé. J’ai intégré un abonnement payant de 2 euros par mois (dont la moitié est directement reversé dans la cagnotte, ndlr) alors que ce n’était pas prévu au début. » Adrien continue de peaufiner Yami dans l’incubateur Picube de Mantes-la-Jolie. Actuellement en bêta-test, il mise sur une sortie pour l’automne 2023.