Dans l’intimité d’Ernest Meissonier

La Maison de Fer met en lumière l’homme à l’origine du nom du parc dans lequel elle se situe. Ernest Meissonier, un des artistes les plus en vogue durant le XIXème siècle, retrouve la lumière le temps d’une exposition étalée sur 8 mois. Figure émérite de l’académisme (nom du courant artistique), il devait faire face à des détracteurs comme Edouard Manet. « Il le détestait. Il lui reprochait de faire des peintures trop petites ou des scènes insignifiantes » révèle Anthony Chenu, directeur de l’action culturelle à Poissy. Pourtant, Meissonier a reçu tout au long de sa carrière de multiples prix, atteint le grade de Grand-Croix de la Légion d’honneur et surtout fut membre de l’Académie des Beaux-Arts à partir de 1861. Une haine qui pourrait provenir de son cursus.

Le natif de Lyon acquiert sa technique non pas par l’École des Beaux-Arts mais grâce à son travail d’illustrateur. « Il était au service de Léon Curmer, un éditeur, qui lui a enseigné l’exigence dans les représentations, notamment en se référant à l’histoire » explique Anthony Chenu. Cela ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd, et le futur pisciacais commence à arpenter les puces à la recherche de vêtements historiques et se plonge dans des manuels afin d’étudier la posture des hommes et des femmes de l’époque. Une minutie presque maladive : « Lorsqu’il commence à se mettre à la peinture militaire, Il se forme à l’uniformologie (science des costumes militaires, ndlr), et achète des cuirasses napoléoniennes. C’est presque obsessionnel. » Il pousse même le vice en produisant des centaines d’esquisses sur lesquelles il n’y a parfois que le mouvement du sabot du cheval ou d’une boucle de ceinture prise par le vent.

Une cuirasse napoléonienne, un objet parmi tant d’autres lui permettant de peindre avec la plus grande précision.

Les premiers succès arrivent rapidement, dès 1834, alors qu’il n’a que 19 ans. Bien qu’il soit en vogue, il profite de l’aide d’Apollonie Sabatier, une demi-mondaine muse de Baudelaire pour les Fleurs du Mal disposant d’un carnet d’adresses bien fourni, et du mécénat de la princesse Mathilde Bonaparte, nièce de l’ancien Empereur des Français. D’ailleurs, c’est un autre Bonaparte – Napoléon III – qui va lui permettre de peindre à foison. « Il est profondément républicain mais malgré le coup d’état il continue de réaliser des peintures de guerre pour lui. Les deux étaient proches sans être intimes. » raconte le directeur de l’action culturelle.

C’est en 1846 qu’il s’installe à Poissy. D’après la légende, cela serait dû à l’achat d’une armoire normande beaucoup trop massive pour son atelier du 15 quai Bourbon à Paris. Son père venant de mourir, il profite de ce bel héritage pour acheter une maison dans la commune yvelinoise qu’il aménage complètement. Il y restera jusqu’en 1870 et la construction de son hôtel particulier à Paris, démoli depuis. Ernest Meissonier s’adonne alors à une vie plus mondaine, en compagnie de ses plus proches amis que sont Alexandre Dumas fils ou Guy de Maupassant. D’ailleurs, l’écrivain décrira le peintre en train de jouer sur une fausse selle de cheval dans son livre Une partie de campagne. Toutefois, malgré ce déménagement, Meissonier gardera un profond attachement à Poissy. Après la défaite française durant la guerre franco-allemande, il se déplace à Versailles afin de baisser les taxes prussiennes pesant sur les habitants de sa ville d’adoption dont il occupe la fonction de maire ­durant 17 mois, entre 1878 et 1879.

L’exposition retrace donc sa vie et surtout sa manière de travailler. Plus de 100 objets personnels ont été empruntés à la famille, à l’académie des peintres de Poissy et au cercle d’études historiques et archéologiques de Poissy et Carrières-sous-Poissy afin de redonner vie aux divers lieux importants d’Ernest Meissonier.