Majorité – opposition de gauche : le début d’une histoire d’amour ?

Le conseil municipal de Mantes-la-Jolie nous fait vivre des moments pour le moins improbables et cocasses ! Le dernier en date, qui s’est étiré sur deux heures et demie, qui s’est tenu le lundi 17 avril dernier méritait d’être suivi pour au moins une séquence : le début d’une belle histoire d’amour entre l’équipe majoritaire et la gauche du Printemps Mantais représentée par Guillaume Quévarec et Audrey Hallier. Car il n’y a pas d’amour sans des preuves d’amour et de ce point de vue, le duo de gauche a été gâté.

Après un peu plus d’une heure dix à examiner les points précédents survient à l’ordre du jour celui concernant la création d’une société d’économie mixte (SEM) baptisée Cœur de Ville dont la ville est actionnaire majoritaire à 60 %, la Banque des Territoires pour 25 % et la foncière De Watou, une entreprise familiale basée à Saint-Germain-en-Laye spécialisée dans l’immobilier de commerce pour les 15 % restants.

Cette SEM que l’immense majorité des élus mantais quelle que soit leur appartenance partisane appelait de ses vœux est enfin constituée après trois ans d’atermoiements. Cet outil juridique permettra de gérer une quinzième d’emprises commerciales et à la ville d’être plus réactive dans ses ­acquisitions.

Raphaël Cognet annonce que quatre administrateurs seront choisis parmi les membres de la majorité et que dans son immense bonté et avec une grandeur d’âme inégalée, il laisse à l’opposition le cinquième siège.

Logiquement, l’ex adjoint à l’urbanisme qui a bataillé précédemment pour défendre le commerce mantais en compagnie de sa collègue Carole Philippe, présente sa candidature. De son côté, Audrey Hallier, membre du duo de gauche avec son collègue Guillaume Quévarec bredouille : « Je suis également candidate effectivement ». Il s’en suit un vote à main levée. Les quatre élus du groupe Mantes Unie pour l’Avenir présents ce soir-là votent pour leur chef de file avant que, comme un seul homme, majorité et opposition de gauche du groupe Le Printemps Mantais unissent leurs voix pour attribuer à Audrey Hallier le cinquième poste d’administrateur de la SEM. On dit comment dans ces cas-là ? Que c’était cousu de fil blanc ? Que ça sent le petit arrangement entre amis ?

Pour s’éviter les foudres d’un ténor du barreau qui va coûter entre 700 et 800 euros de l’heure aux contribuables mantais, on se contentera d’écrire que cet accord contre nature n’avait pas d’autre motivation pour barrer la route à Jean-Luc Santini. Et que cette manœuvre grossière pourrait prêter à sourire si les principes mêmes de la démocratie la plus élémentaire n’étaient pas bafoués sans scrupule et ne répondaient à aucune logique.

LFI fait cause commune avec sens commun

Jugez plutôt. Alors qu’en bas de la mairie, les amis politiques de Guillaume Quévarec et Audrey Hallier organisent un concert de casseroles pendant l’allocation du président de la République, Edwige Hervieux, membre de la majorité présidentielle, encore Renaissance ou désormais Horizons le sait-elle elle-même, contribue à dérouler le tapis rouge à une militante mélenchoniste, candidate malheureuse à la candidature LFI aux dernières élections législatives de 2022. On croit rêver. Et Guillaume Quévarec, socialiste-écologiste humaniste de faire cause commune avec Raphaël Cognet, grand défenseur de la Manif pour Tous et de Sens Commun. Visiblement, la boussole politique et philosophique de cet élu a perdu le nord. Au-delà de ces considérations politiques, il n’est pas inintéressant de rappeler les chiffres des dernières élections municipales de mai 2022. Et de déplorer au passage que la démocratie doit commencer à s’appliquer à soi-même plutôt que d’en faire une doctrine à géométrie variable qu’on utilise au grès des ­évènements.

Si la victoire au premier tour de la liste conduite par Raphaël Cognet ne souffre d’aucune discussion, il serait bon que le maire de Mantes-la-Jolie se souvienne que celle conduite par Jean-Luc Santini a recueilli lors du même scrutin 30,74 % soit 2 899 voix contre 10,74 % et 1 013 suffrages à la liste le Printemps Mantais menée par Guillaume Quévarec. Soit pratiquement trois fois moins.

Et qu’en conséquence, si Raphaël Cognet ne veut pas passer pour ce qu’il se défend d’être, il n’est pas inutile qu’il ne crache pas en permanence au visage d’une partie de la population, laquelle n’a eu qu’un seul tort à ses yeux, glisser dans l’urne le bulletin de Mantes Unie pour l’Avenir. Pour mieux illustrer cette liaison politique incestueuse entre une majorité animée par une haine revancharde et les seconds couteaux de gauche qui ont vu un parachuté brillant et efficace leur rafler la place enviable et enviée de député, on adaptera ce mot d’Aristote : « Une seule hirondelle ne fait pas le printemps mantais ; un seul acte moral ne fait pas la vertu. »