Tout d’abord, quelles sont les raisons qui vous poussent à vous présenter ?
Je veux démontrer que cette élection n’est pas jouée d’avance, que le système n’est pas verrouillé. Je veux porter le plus haut possible la voix des 4,1 millions d’entrepreneurs français qui ne sont pas suffisamment représentés au sein du MEDEF car ils méconnaissent cette institution.
Mais avant de rentrer en campagne, il vous faut acquérir 150 parrainages.
Il y a 560 grands électeurs dans les membres de l’assemblée générale qui peuvent parrainer jusqu’à trois candidats. Le seul problème réside dans le mode de parrainage, complètement électronique. Certains électeurs doivent encore retrouver leurs codes et leurs identifiants. En théorie, je suis déjà sensé avoir ces signatures donc nous restons confiants.
Les autres candidats déclarés sont Patrick Martin, le numéro 2 actuel du MEDEF, Pierre Brajeux et Dominique Carlac’h, vous faites presque figure de « petit poucet » ?
L’ensemble de mes interlocuteurs me disent qu’aujourd’hui il faut innover et l’innovation, c’est l’introduction d’un élément nouveau. Je me présente pour la première fois à la présidence, je suis le seul candidat à ne pas avoir eu une activité exécutive dans le MEDEF national et je ne veux pas un match retour de 2018. Actuellement un créateur d’entreprise sur deux a moins de 30 ans et un chef d’entreprise a en moyenne 35 ans. Nous devons prendre en compte ces éléments et nous transformer sinon le MEDEF risque de disparaître.
Toutefois, vous n’êtes pas un « inconnu » dans cette organisation.
Je suis militant depuis près de 15 ans et je suis engagé dans le MEDEF des Yvelines. Durant la présidence de Pierre Gattaz, j’ai œuvré pendant 5 ans au sein de la commission entrepreneuriat au côté de Thibault Lanxade. Par ailleurs, j’ai aussi été le président du club des entrepreneurs.
Votre slogan est « un MEDEF entreprenant », en quoi cela consiste ?
C’est un MEDEF qui libère l’esprit d’entreprise, libère l’entrepreneuriat. Un Français sur quatre veut créer ou reprendre une société donc c’est le moment d’avoir une politique moderne. Il faut également oser s’exprimer sur tous les sujets, aussi bien défendre les grandes entreprises lorsqu’elles sont attaquées comme LVMH la semaine dernière ainsi que parler aux TPE/PME de manière innovante. Nous devons rassembler le plus largement possible, au-delà de nos 180 000 adhérents. Il y a des associations comme le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire, les Femmes chef d’entreprise. Tout un tas d’organisations qui ont cet ADN d’entrepreneur et qui peuvent être complémentaires.
En tant que président de la CCI Versailles-Yvelines, votre thème de prédilection est la réindustrialisation. Vous désirez aussi le porter à plus grande échelle ?
Nos entreprises viennent de subir plusieurs crises successives. Nous devons réactiver le MEDEF de combat de Pierre Gattaz qui avait abouti à la création du CICE. Il y a également d’autres points importants comme mener une politique de l’offre avec la simplification des normes, l’alignement de la fiscalité sur nos voisins européens… Un moratoire sur les PGE doit être aussi réalisé car actuellement de nombreuses petites entreprises sont asphyxiées par cela. Concernant la réindustrialisation, il faut voir comment nous pouvons nous unir avec nos voisins européens afin de monter un Inflation Reduction Act. Il permettrait à l’ensemble de nos industries en Europe de bénéficier d’un soutien sur les sujets énergétiques. Les États-Unis sont en train de le faire et il ne faut pas prendre du retard.
Par ailleurs, Elisabeth Borne doit établir un plan visant le plein emploi, le MEDEF doit y prêter attention ?
Les Français attendent cette ligne directrice pour savoir vers quel secteur se tourner. Il y en a plein entre les industries vertes, celles du futur, l’agro-alimentaire, la « silver economy » (tous les métiers autour de la dépendance et du service à la personne, ndlr). Ce sera un moment important.
La présidence du MEDEF remettrait-elle en cause vos engagements auprès de la CCI ?
Dans la réalité, nous ne pouvons pas cumuler les deux car ce sont des engagements à temps plein. Si je suis élu, je resterai un élu de la CCI sans en être le président. Mais nous n’en sommes pas là.