Dieynaba Diop, nouvelle tête de proue du Parti socialiste yvelinois

Avril 2022. 20 ans après la catastrophe de Lionel Jospin, Anne Hidalgo enregistre le score le plus bas de l’histoire du Parti Socialiste lors d’une élection présidentielle avec 1,7 % des suffrages exprimés. Un clou de plus dans un cercueil qui en comptait deux imposants avec les lois sur la déchéance de la nationalité et El Khomri. En plus de cela, quelques dissensions internes existent du fait de l’accord de la NUPES et des dernières élections du secrétaire national du parti. Et pourtant, c’est dans ce moment de flottement que Dieynaba Diop a choisi pour ravir le poste de secrétaire départementale. « Nous sommes sur une bonne dynamique grâce à la réforme des retraites » analyse l’élue muriautine, « les gens sentent que nous sommes de nouveau de gauche et que nous les soutenons. » Et qu’importe si des détracteurs argumentent que l’ancienne SFIO serait en train de se faire manger toute crue par la LFI. « Dans le cadre de cet accord, nous nous étions positionnés sur 77 circonscriptions et nous en avons obtenu 31 » rétorque la professeure au lycée Jean Rostand à Mantes-la-Jolie dans le civil. Toutefois, elle est consciente des étapes à franchir pour rebâtir le PS dans les Yvelines.

Tout d’abord, son expérience d’élue de terrain lui permet d’identifier les acteurs locaux sur lesquels elle peut compter. Par exemple dans le Mantois, Djamel Nedjar – maire de Limay – ou Monique Brochot – ex-maire de Mantes-la-Ville et figure tutélaire de Benjamin Lucas – pourraient être des alliés importants. « Il faut que nous soyons dans un esprit de reconquête dans ce territoire » avance-t-elle, « nous faisions de très beaux scores auparavant, notamment aux présidentielles. Il y a donc un électorat orphelin d’une véritable alternative à la droite. » Une droite pour le moment toute puissante puisqu’elle occupe l’intégralité des sièges disponibles au Conseil départemental. Dieynaba Diop souhaite aussi ouvrir des sections locales, surtout là où elles ont disparu : « C’est ce que nous faisons par exemple à Versailles grâce à Thomas Ciano, nouvel adhérent du Parti Socialiste. » Par ailleurs, elle peut également mettre en avant son propre curriculum vitae pour convaincre d’éventuels nouveaux électeurs.

Un ancrage local, une connaissance du parti nationale

Originaire du quartier de la Vigne-Blanche aux Mureaux, elle s’engage auprès de François Garay lorsqu’il se présente pour un deuxième mandat en 2007 dans la ville. Et comme il se fait réélire, la voilà intégrée dans l’équipe municipale. Toutefois, si « elle vote socialiste, soutient des socialistes et a été recrutée par un socialiste » elle attend 2013 pour enfin s’encarter. C’est à partir de ce moment-là qu’elle commence à découvrir les arcanes nationaux du parti de la rose. Deux ans plus tard, elle se présente une première fois au conseil régional sur la liste de Claude Bartolone. Et même si elle n’est pas en position d’éligible, elle tisse des liens avec les autres fédérations ainsi que d’autres figures politiques comme Luc Carvounas. Elle le soutient même lorsqu’il annonce sa candidature au poste de premier secrétaire du Parti socialiste. À l’issue du premier tour de ce scrutin le maire d’Alfortville arrive en dernière position avec 6,38 % des voix, elle intègre la direction nationale puisque le vainqueur, Olivier Faure, a tendu la main à ses adversaires dans un souci d’unité. L’élu en charge des relations internationales, de la coopération décentralisée, de la francophonie et de l’apprentissage des langues à la Mairie des Mureaux peut également se targuer d’être un des porte-paroles du député de la Seine-et-Marne.

La professeure de lettres et Histoire au lycée Jean Rostand sait que le chemin sera encore long avant d’avoir un PS qui compte réellement dans les Yvelines mais ses faits d’armes et sa connaissance du territoire pourraient lui permettre de faire rayonner à nouveau le Parti. Et même si elle ne veut pas être réduite à cela, elle n’hésitera pas à mettre en avant sa condition de femme noire issue des quartiers pour donner envie à d’autres personnes de rejoindre son combat.