Agents municipaux le jour, déménageurs la nuit

Chez certains agents municipaux, ça déménage. Le dernier exemple en date vaut son pesant de cacahuètes. Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, les riverains ont pu apercevoir au moins deux agents de la ville s’affairer à meubler un appartement de la rue de Chanzy, une artère bien située du centre-ville de Mantes-la-Jolie à deux pas de tous les commerces de proximité. Le premier, ex-responsable du service « vie des quartiers » désormais affecté au centre technique municipal où il occupe un poste à responsabilité au moins supposée, n’a rien trouvé de mieux à faire que d’emprunter un utilitaire de la ville pour aider son collègue, agent de la police environnementale à prendre possession de son logement de fonction.

Pourquoi donc un déménagement en pleine nuit au risque d’importuner les autres riverains de la rue ? Pourquoi donner les apparences d’un geste clandestin à une action d’une banalité affligeante dès lors qu’elle est réalisée dans les règles ?

C’est que peut-être que les réponses sont contenues dans les questions.

La règle veut que les véhicules de la ville ne soient pas utilisés à des fins personnelles. C’est même strictement interdit.

Même le maire actuel, pour avoir utilisé la Peugeot 5008 mise à sa disposition par la collectivité pour partir en vacances en famille, est visé par un signalement auprès de la Procureure de la République de Versailles.

Pourquoi les utilisateurs de la camionnette ont-ils pu le faire alors que cette forme de facilité a déjà été refusée par le passé à d’autres agents municipaux ?

Pour quelle bonne raison l’agent affecté à la police environnementale voit-il la ville mettre un logement de fonction à sa disposition alors que nombre d’autres agents ne sont pas dans son cas ? L’aide apportée par un membre de la hiérarchie du centre technique municipal est-il juste un geste de bonne camaraderie ?

Nous ne doutons pas en premier lieu que la situation est parfaitement sous contrôle et que toute la chaîne hiérarchique était informée de l’utilisation certes symbolique mais révélatrice des agissements de certains de cet utilitaire. Et que comme l’a rappelé en filigrane la directrice générale des services au syndicat FO territoriaux de la ville, il ne faut pas considérer la presse comme un moyen fiable d’être informé sur ce qui se passe dans la ville.

Nous pouvons donc en conclure qu’elle-même ou un de ses subordonnés a donné l’autorisation et que la mise à disposition du logement de fonction a été abordée dans une instance transparente.

Dans le cas contraire, on pourrait croire, mais sans doute se trompe-t-on, que ces agents bénéficient de petits privilèges car ils n’ont pas ménagé leur peine pour contribuer à l’élection de l’équipe municipale en place.