Des slaloms, des tirs au panier, des sprints, à première vue nous assistons à un cours de sport dispensé pour n’importe quel enfant. Mais dans le gymnase de l’institut médicoéducatif Alfred Binet, les deux sessions sportives prévues le mercredi midi sont à destination de bambins avec des troubles du neurodéveloppement, déficience mentale et spectre autistique sans handicap physique. « Au sein de l’établissement, nous avons 40 % des jeunes en obésité ou en surpoids, c’est donc la priorité actuellement. Leur proposer des possibilités de sport de manière adaptée est une excellente idée et surtout un droit ! » rappelle Murielle Garnier, la directrice de l’IME.
Louis-Philippe Menant, coordinateur du comité du départemental des Yvelines de sport adapté (CDSA 78), renchérit : « C’est une volonté de l’Île-de-France et de la Fédération française de sport adapté d’importer des activités physiques à l’attention des plus jeunes car à la base, c’était plus destiné aux adultes et aux adolescents. » Avec celle des Mureaux, les Yvelines comptent dorénavant trois écoles de sport adaptés alors que la Seine-Saint-Denis – département sur lequel la CDSA veut calquer le modèle – en recense cinq. Louis-Philippe Menant tempère : « C’est un problème propre à la région parisienne. Elle est en retard par rapport à celle Aquitaine. »
De son côté Murielle Garnier loue la Mairie des Mureaux pour son dynamisme sur cette thématique. « L’équipe municipale est ultra dynamique et fait tout pour que nous puissions pousser les portes. Souvent le handicap fait peur car les gens ne sont pas confrontés à cela. Puis après ils découvrent et se disent que ce sont des initiatives à promouvoir » note-t-elle. « Nous répondons à une autre problématique » ajoute le coordinateur du CDAS 78, « de nombreux clubs de sports ne pratiquent pas l’inclusion car cela requiert des compétences spécifiques au niveau des éducateurs. Et comme ils veulent former un groupe homogène ».
Comme n’importe quel enfant
Il est vrai que canaliser ce petit monde n’est pas toujours évident. Durant le cours d’observation du 10 mai, deux enfants – sur les huit présents – étaient plus dissipés que leurs petits camarades, ce qui ne gênait pas pour autant Brahim Akhallou, conseiller technique fédéral et éducateur sportif pour le CDAS 78 : « Nous ne gagnons pas à chaque fois. Quand un jeune est en état de surexcitation, il faut accepter de dire stop. Lors de la session de 12 h 30 par exemple, nous en avons eu un qui n’a fait que 30 minutes sur l’heure prévue. Nous avons dit à la maman de ne pas s’inquiéter car c’est déjà très bien. »
Ces sessions sont aussi le moyen pour ces mères courages de s’accorder un moment de répit car beaucoup ont raccourci leurs activités professionnelles via des mi-temps – voire les ont arrêtées complètement – pour s’occuper de leurs enfants. Alors pendant que leur progéniture se dépense, elles échangent sur leurs expériences. « Le mien a fait l’école du cirque et il a adoré cela » explique l’une tandis qu’une autre explique que le sien a été – le petit Achraf – viré du club de football local.
Elles gardent également un œil attentif sur leurs rejetons, les encouragent, les canalisent. Tous sont heureux d’être là. « Le but de ces pratiques multisports est de leur permettre d’acquérir certaines bases et de leur donner envie de poursuivre durant l’adolescence » rappelle Louis-Philippe Menant prônant ses sections de sports adaptés.
Si quelques détails restent à régler – comme l’homogénéité des groupes ou le type d’activités – l’école multisport adaptée constituera une belle opportunité pour ces jeunes pousses débordant d’énergie. Et si pour le moment, ils ne jouent qu’entre eux, d’autres projets sont à l’étude pour inclure enfant porteur ou non d’handicap dans un même cours de sport.