En commandant un audit sur la police municipale, notamment sur son fonctionnement pendant son absence à la tête de la ville pendant 5 mois en 2022, le maire de Mantes-la-Jolie avait une petite idée en tête : faire en sorte qu’un organisme indépendant pointe les dérives de ce service municipal sur cette période.
Sauf que la synthèse de 47 pages qui a été remise exclusivement à nos collègues du Courrier de Mantes (4 000 exemplaires vendus chaque semaine), avant même que les élus du conseil municipal en prennent officiellement connaissance, ne révèle rien qui puisse déclencher la moindre action pénale. Pourtant, le document a été examiné à la loupe par le rédacteur en chef de l’hebdomadaire ami, hebdomadaire qui, rappelons-le, a vu sa rédactrice en chef quitter le titre quelques semaines après le retour de Raphaël Cognet pour devenir adjointe à la directrice de la communication de la ville. Et après ces gens-là voudraient donner des leçons de déontologie. On croit rêver.
S’appuyant sur les conclusions du cabinet Espace Risk Management (ERM) Raphaël Cognet révèle lui-même que « Notre police municipale est bien formée, respecte les règles et connaît le cadre de la loi. Les agents font bien leur boulot ». En clair, cet audit qui avait pour but de démontrer ses éventuelles dérives ne fait que relever quelques dysfonctionnements. À peu près comme dans tout groupe humain. Ni plus, ni moins.
Nous sommes bien loin des fantasmes que nourrissaient certains à l’égard de cette police municipale, censée être une sorte de garde prétorienne ou une agence de renseignements au profit dont on ne sait qui.Sans vouloir être désagréable avec qui que ce soit, les préconisations du cabinet Espace Risk Management ressemblent étrangement à ce qui se pratique déjà en Île-de-France dans de très nombreuses communes.
Le grand enseignement de ce document réside dans la connaissance très superficielle du maire pour ce service municipal pourtant crucial dans son utilité à protéger les biens et les personnes. À cet égard, plusieurs passages de l’audit sont révélateurs.
Raphaël Cognet a eu besoin de ce document pour que lui vienne l’idée de regrouper l’action de la police municipale, de la police de l’environnement et le service de prévention. Il va donc se mettre en chasse d’un agent « hautement qualifié » pour reprendre les termes d’ERM « en capacité de manager les trois unités ».
Il devait s’en douter mais c’est mieux quand d’autres l’écrivent, le centre de supervision urbain (CSU) qui était jusqu’à présent autonome est appelé à rejoindre le giron de la structure municipale sur les conseils d’ERM. Rappelons que ce CSU supervise les 39 caméras qui balaient les rues mantaises alors que 49 autres veillent sur les bâtiments communaux.
Censée fonctionner 24 heures sur 24, 365 jours par an, ERM se pose la question de la pertinence de poursuivre dans cette voie. Notamment pour les nuits de 2 heures à 6 heures en raison du faible nombre d’interventions. Mais le faible nombre d’interventions n’est-il pas dû au fait que depuis de longs mois, la police municipale, en état de sous-effectif chronique, il y manque 12 fonctionnaires, n’est pas en capacité d’intervenir car seul un agent est présent au bureau mais ne peut pas dépêcher de collègues sur le terrain ? Sur ce point, la plume du maire de nous éclaire pas. Sans doute un oubli.
Plus préoccupant, notons au passage que certaines nuits, un seul équipage de police secours et une brigade anti-criminalité opérationnels, les 44 000 habitants de Mantes-la-Jolie n’ont pour veiller sur eux que six fonctionnaires de la police nationale. À moins d’appeler les renforts des villes voisines. Sans doute le résultat concret de l’amitié que sont supposés porter deux éminents membres du gouvernement au directeur de cabinet du maire. Pas de doute, les Mantais en sont les grands bénéficiaires… Bien entendu, comme la commande de cet audit avait pour but d’expliquer au plus grand nombre que l’équipe municipale majoritaire, alors même que Raphaël Cognet en était le leader, avait mal géré le fonctionnement de la police municipale, il fallait bien entendu s’en prendre à l’ex-directeur général des services de l’époque.
L’hebdomadaire du groupe breton, auquel on fait grâce de sa confusion entre police nationale et police municipale, nous apprend qu’il aurait fait de « l’ingérence » dans ce service.
Si le rôle du plus haut fonctionnaire d’une ville n’est pas de faire de l’ingérence, autrement dit de regarder avec attention la manière dont opère tel ou tel pan de l’administration, à quoi sert-il ?
La réponse est contenue dans la question.