Mentor&Moi : un lien social et apprenant par et pour les jeunes

Crédits : NICOLAS DUPREY

« La question de l’égalité des chances est au cœur des politiques publiques depuis plusieurs années et le COVID a créé une véritable urgence », explique Juliette Gaillac-Janon, responsable programme égalité des chances au Département des Yvelines, « nous avons donc créé Mentor&Moi afin qu’il serve de socle à cette thématique. » En partenariat avec l’association IFEP et avec l’appui des équipes pédagogiques du site « Les Clefs de l’Ecole », ce dispositif doit répondre à plusieurs objectifs. Tout d’abord, il doit mener vers l’autonomie les enfants pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ou ceux résidant dans les quartiers prioritaires de la politique de la Ville et améliorer l’apprentissage d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture dans le but de s’inscrire dans un parcours d’orientation choisie. « Ce n’est pas que du soutien scolaire, il y a une vraie question d’insertion dans la société » ajoute Juliette Gaillac-Janon. Voici la théorie, maintenant pour la pratique, elle se veut originale.

Ce sont des étudiants qui ont cette lourde tâche de tirer ces jeunes vers le haut, même s’il est vrai que des éducateurs peuvent également assurer ces missions. « Le fait que cela ne soit pas un professionnel, qu’il y ait un écart d’âge plus faible, rend l’identification plus simple. L’enfant pourra se projeter et en faire un modèle » détaille la responsable programme égalité des chances. Mais pour cela, il faut qu’une symbiose se crée. « La dimension humaine est la clef. » acquiesce-t-elle. Pour maximiser ses chances de réussite, le programme d’aide s’adapte au mentor et au mentoré.

Le premier doit tout de même remplir quelques conditions, comme un BAC+2 et quelques expériences dans le soutien scolaire, passer des tests de positionnement dans le but de vérifier ses compétences et connaître la meilleure tranche d’âge sur laquelle il pourra intervenir. Enfin, il suivra une formation afin d’être en capacité d’accompagner l’enfant pris en charge vers l’autonomie. Une fois ce parcours validé, le Département lui affecte un jeune dans une zone géographique limitée par 30 minutes de trajet maximum et construit un emploi du temps suivant les ­disponibilités de chacun.

Une transmission à tous les étages

Les cours se déroulent le plus souvent au domicile du jeune, entre 30 minutes et 2 heures même si des sorties en individuel ou en collectif à des salons peuvent être organisées, avec un accompagnement de septembre à juin. De plus, le « professeur » touchera 14 euros brut/heure, un moyen également de lutter sur la précarité estudiantine. « Le but était de travailler aussi sur ce sujet » avoue Juliette Gaillac-Janon. Durant ces moments dédiés à la pédagogie, le socle commun est repris : « Nous reprenons les notions instaurées par l’Education nationale. Nous allons avoir des thématiques autour de l’apprentissage de la langue car c’est primordial. Une forte compétence en français permet de développer de fortes compétences. L’ouverture à autrui aussi, cela permet aux encadrants de constater une vraie évolution dans le comportement des jeunes. »

Depuis deux ans, quelques belles histoires commencent à se constituer comme un mentor apprenant le japonais et qui a su transmettre son amour pour les mangas à son mentoré. Mais la relation ne se fait pas que de manière descendante. « À la fin de chaque année, ils nous disent que cette expérience les a fait grandir et les a même responsabilisés. Car, pour eux, c’est parfois leur première expérience professionnelle » raconte Juliette Gaillac-Janon. Par ailleurs, le Département ouvre son réseau aux volontaires et essaie de les aider pour leur recherche de travail : « Une étudiante a finalement été embauchée au sein de la protection de l’enfance car nous avions besoin de son profil. »

Cette année 200 jeunes ont pu bénéficier de cet accompagnement assuré par 150 étudiants. « Cette année nous visons les 300 [étudiants]. Le recrutement se fait beaucoup par le bouche à oreille même si nous avons une adresse dédiée (mentoretmoi@yvelines.fr, ndlr) ou intervenons dans les universités » détaille la cheffe de projet. Et si le Mentor&Moi se pérennise encore plus dans le temps, une autre belle histoire pourrait se constituer. « L’apothéose serait qu’un mentoré devienne mentor. Cela commence à se dessiner » s’amuse Juliette Gaillac-Janon.