L’opportunité écologique de l’ex-Mer des déchets

Charles Trenet interprétait en 1946 « la Mer ». Dans ce titre, le « fou chantant » louait les qualités de cette grande étendue dont nous pouvions voir les reflets argent, dus aux rayons du soleil. La mer des déchets pouvait également se prévaloir de tels reflets mais pour des raisons beaucoup moins poétiques. « Des entreprises du BTP payaient des sociétés afin qu’elles déversent leurs détritus par camionnettes entières sur cette ancienne plaine maraîchère » rappelle Eddie Aït, le maire de Carrières-sous-Poissy. En janvier 2020, la Ville et plusieurs de ses partenaires comme le Conseil Départemental ou la Préfecture, lançaient une opération de grand nettoyage afin de réhabiliter une zone abîmée depuis plus de vingt ans.

Pendant un semestre, 26 000 tonnes de déchets – dont 604,02 tonnes d’amiante, 181 tonnes de gravats, 4,3 tonnes de pneus et 3,06 tonnes de végétaux – sont évacuées et rendent aux 330 Ha répartis sur les communes d’Andrésy, de Carrières-sous-Poissy, de Chanteloup-les-Vignes et de Triel-sur-Seine leur lustre d’antan. Mais depuis cette date, alors que Pierre Bédier – le président du Département – avait proposé lors d’une conférence de presse de planter une forêt pour y développer la filière bois dans les Yvelines, la transformation effective se faisait attendre. Une étape pourrait être enfin franchie grâce à un rapport de 100 pages dévoilé par l’édile carriérois et présentant 12 orientations pour des opportunités d’aménagement concertées.

Parmi celles-ci, créer la Fabrique 21 du Vélo, implanter une ferme pédagogique, sanctuariser la plaine ou implanter un centre d’éducation canine. Des propositions résolument écologiques ou en faveur du bien-être animal qui font partie de la feuille de route d’Eddie Aït : « C’était dans notre programme et en plus, aujourd’hui cette zone n’est pas constructible ni pour de l’activité immobilière ou industrielle. » Mais la décision finale ne reviendra pas forcément à l’édile local. En effet, une consultation publique a été organisée du 24 mai au 7 juin. « C’est important de le faire car cela permet aussi bien aux anciens qu’aux nouveaux arrivants de s’approprier cette espace » explique celui qui est également vice-président délégué aux mobilités et dans la commission aménagement du territoire de la communauté urbaine GPSEO.

Dans cette optique d’appropriation du territoire, le Conseil local de la jeunesse de Carrières-sous-Poissy était également invité à s’exprimer après une visite de la Plaine en compagnie de Kevin Schwendemann, conseiller municipal délégué à la coordination et à la mise en œuvre de la transition écologique et énergétique. « Cela peut leur paraître très éloigné de se dire qu’il y a un demi-siècle, de l’agriculture et des vergers étaient présents sur cette plaine » confie le maire carriérois. Par ailleurs, durant toute la durée de la concertation, une exposition retraçant l’histoire de la Plaine et dressant les perspectives futures sera visible à l’Hôtel de Ville, le bâtiment municipal ayant même accueilli deux permanences sur cette thématique le week-end dernier. « Cela a permis aux gens de découvrir les éventuels processus de transformation et surtout de mieux les comprendre. Certains avaient besoin d’explication pour voter en leur âme et conscience » se remémore Eddie Aït, « il faut que nous soyons le plus nombreux possible pour avoir du poids dans l’éventualité d’un aménagement à venir. » Si la page de la Mer des déchets est définitivement tournée, le chapitre ne sera donc clos que lorsqu’elle sera définitivement transformée.