Menaces sur les terrasses de bars : le centre-ville bientôt déserté ?

Le Click and collect est promu par la Ville de Mantes-la-Jolie. Cette dernière a renouvelé, pour la deuxième fois cette année, sa campagne de communication « Achetons Mantais ».

L’inflation, la hausse des fluides, les difficultés de stationnement, la fermeture de quelques enseignes locomotives : malgré leur motivation intacte, un investissement quotidien jamais démenti et une remise en question constante, les commerçants mantais vivent des jours difficiles. D’où l’importance des décisions municipales qui permettent soit de les aider si elles sont judicieuses, soit de les impacter négativement si elles sont mal calibrées. La dernière en date de l’équipe municipale est à ranger dans la seconde catégorie.

Après deux mois de suspension, le Sporting situé place du Marché au Blé, a pu rouvrir la sienne le 23 mai. Le 23 mars dernier, Raphaël Cognet avait pris un arrêté interdisant au tenancier de dresser sa terrasse pendant huit semaines. Entre-temps, la sanction a été levée en journée sous la pression des clients du marché qui se plaignaient de ne plus pouvoir prendre leur café ou leur apéritif en terrasse.

Depuis, le patron de ce haut lieu de la convivialité mantaise est vigilant et révèle dans un hebdomadaire local, ex-employeur de l’actuelle adjointe à la directrice de la communication de la ville, qu’il appellera la police municipale à la rescousse en cas d’incident mettant en cause ses clients. Encore faudra-t-il que cette police municipale soit en capacité d’intervenir à tout moment, elle qui est depuis de longs mois en sous-effectif important. Sera-t-elle en capacité de déplacer un équipage pour ramener le calme à minuit au moment de la fermeture de l’établissement ? Un établissement qui fermait ses portes à 2 heures du matin mais dont le responsable a préféré diminuer l’amplitude horaire de son établissement ? Rien n’est moins sûr.

Si le Sporting a été sanctionné. Le Braza établi rue Dubois a eu aussi droit à sa fermeture de terrasse. Là encore pour des nuisances sonores dénoncées par des riverains.

Ce qui fait dire à un cafetier : « Bien sûr, nos clients sont parfois un peu turbulents, reconnait-il sans difficulté. Mais il va falloir quand même savoir à un moment ce qu’on veut pour le centre-ville historique. Une terrasse de café, c’est par définition un lieu d’échange. Je vais devoir aller demander à mes clients de chuchoter quand ils s’emportent sur la rivalité entre le PSG et l’OM ? Quand un petit groupe joyeux va entonner une chanson à boire simplement car ils sont heureux de partager un moment ensemble ? Je vais devoir les faire taire ? Mon métier je l’ai choisi. Je suis cafetier. Pas moine. Une terrasse de bistrot, ce n’est pas la collégiale Notre-Dame. Ce n’est pas un lieu de recueillement ».

Un de ses confrères dit pour sa part comprendre les riverains mais avec des limites toutefois rapidement atteintes : « Des abus il y en a parfois, c’est clair et net et moi je fais ce que je dois faire pour les stopper. Mais c’est très rare. Mon bar, il n’a pas été ouvert il y a six mois. Ceux de mes collègues non plus. Quand on s’installe quelque part, on regarde l’environnement. Ceux qui se plaignent des bruits des terrasses devraient s’acheter une canne blanche ou un labrador car ils ont malheureusement pour eux perdu la vue. Quand on loue ou qu’on achète un bien, on voit qu’en dessous de chez soi, c’est un bar avec une terrasse et qu’à la terrasse d’un bar on ne fait pas la même chose que dans une bibliothèque. Ces riverains-là sont les mêmes qui se plaignent à la campagne du bruit des cloches ».

Pour un spécialiste reconnu de l’animation commerciale, la manière punitive d’aborder le sujet n’est pas la bonne : « Dans un centre-ville commerçant, c’est la complémentarité de l’offre qui crée l’attractivité. Il faut de tout. Des commerces de bouche, de vêtements mais aussi des lieux de détente que sont les restaurants et les bars. Le maire est garant de la paix publique sur sa commune mais il doit être très vigilant sur sa manière de gérer ce type de phénomène. Surtout si sa volonté n’est pas de poser un bonnet de nuit trop tôt sur les soirées de sa commune. Dans le cas contraire, il fait disparaitre la vie du cœur de sa commune qui ressemble alors à un décor de cinéma. Mais quelqu’un a-t-il envie de vivre dans un décor de cinéma ? »