Mettez des Yvelines dans votre assiette

Crédits : CD 78 / LAPOINTE

« La fin n’est qu’un début, maintenant place aux actions ». Par cette phrase pleine de philosophie, Pauline Winocourt Lefevre, vice-présidente déléguée à la Ruralité, l’Agriculture, l’Alimentation et les Circuits courts, clôt les Assises de l’Alimentation démarrées quatre mois plus tôt. Entre mars et mai, 140 personnes – issues des métiers en corrélation avec cette thématique – réparties en sept groupes ont planché sur le futur de l’agriculture et de l’alimentation yvelinoise. Une soixantaine de propositions plus tard, 6 axes d’action ont été définis. « Nous avons souhaité agir avec des mesures concrètes en faveur du bien manger. Nous sommes en train de définir une véritable politique alimentaire responsable et engagée, valorisant les produits de nos terroirs » assène Pierre Bédier, le président du Département.

La mesure phare est d’augmenter considérablement la part des produits yvelinois dans les assiettes des collégiens afin de la faire progresser de 12 % à 32 % entre aujourd’hui et 2025 : « Carottes, lentilles, salades, pommes de terre, ce sont des produits pour lesquels nous sommes performants. Nous avons de la marge de manœuvre sur les yaourts mais surtout sur les œufs et la viande. » Toutefois entre la théorie et la pratique, il y a encore un monde. Prenons l’exemple de l’aliment favori de Bugs Bunny, pour alimenter les 115 collèges présents dans le 78, les producteurs ne peuvent pas envoyer un kilo par-ci, un kilo par-là, et sous quelle forme. « Il faut penser aux étapes, faut-il les éplucher, les rapper, quelles sont les capacités des différentes cantines scolaires ? » explique la conseillère départementale.

Traiter localement pour agir efficacement

Une réflexion doit donc avoir lieu autour des outils à mettre en place afin que ce type de transformation soit réalisé dans les alentours, sinon la volonté de circuit court tomberait à l’eau. D’autres problématiques existent également comme l’absence d’abattoir bovin ou ovin au sein des Yvelines. Par ailleurs, la promotion de ce « made in 78 » pourrait augmenter la surface des terres agricoles. « La restauration collective de nos collèges – que ce soit en nombre de carcasses ou pour les légumes – n’est pas colossale. Les agriculteurs n’auraient pas besoin de s’étendre de manière exponentielle », botte-t-elle en touche, « en revanche, ils pourraient être amenés à investir pour diversifier leurs activités. » Ainsi, ces investissements permettraient aux gérants d’exploitations agricoles de conquérir des parts de marché et de pérenniser leurs activités. « Il existe déjà des aides pour les accompagner » rappelle Pauline Winocourt Lefèvre. Le Département s’engage aussi à les aider dans l’adaptation face au changement climatique en renforçant les aides financières du Département pour les agriculteurs (1,46 million d’euros contre 0,85 million d’euros auparavant) désireux de concrétiser des investissements environnementaux (adaptation des bâtiments, stockage, irrigation, serres, lutte contre les espèces invasives…).

Des échanges seront organisés dans les prochaines semaines avec des partenaires (Direction Départementale des Territoires, Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités, la Région) sur des actions communes et à la fin de l’année, la nouvelle politique agricole et alimentaire sera soumise au vote du Conseil départemental. De belles promesses qui doivent être donc tenues pour que la fin du début ne devienne pas le début de la faim.