Val-Fourré : Le stationnement, quelle galère !

Peu de monde mardi 30 mai dernier au gymnase Souquet pour la première des trois réunions publiques prévues par la Ville dans le très peuplé, environ 27 000 habitants, quartier du Val-Fourré. Il y aura nettement plus de monde le lendemain au gymnase Lecuyer. Ces deux gymnases sont appelés à être détruits pour laisser la place à un nouveau bâtiment sportif flambant neuf mais ça n’est pas pour demain. La Ville cherche toujours le terrain sur lequel l’implanter ! Elle pensait pouvoir le faire en lieu et place du collège Cézanne, cela ne va pas être possible. « Le Département nous a fait savoir que ce collège accueillera des formations, précise le maire Raphaël Cognet. Du coup, nous cherchons une nouvelle place… »

En attendant, le quartier attend sa nouvelle rénovation urbaine avec une impatience non dissimulée. L’ANRU 2, c’est son nom, est dans les tuyaux, et la date fatidique approche. De grands bouleversements sont à venir, à commencer d’ici quelques années par la destruction de cinq tours. Raphaël Cognet est formel : « Cela coûterait plus cher de les rénover ». Les tours Clément Ader, Pluton, Mercure et même l’emblématique tour Véga vont être détruites. Le processus est lancé, particulièrement pour les tours Ader. « On va détruire 600 logements, en résidentialiser 2600 et accompagner les copropriétés privées. On ne reconstruit pas avec la densité d’avant car on considère que c’est la cause du problème. » Un budget global de 155 millions est déjà engagé !

Le quartier en a bien besoin, car ces deux réunions ont fait émerger de nombreuses difficultés liées à l’habitat. « Nous avons tout le temps des problèmes, s’insurge un résident de la tour Mercure. Je suis tout seul au 12ème étage. S’il se passe quelque chose, je n’ai personne à qui demander secours. L’ascenseur, il est trop souvent en panne ! Quand la tour va-t-elle être détruite ? » « Cette tour est en fin de vie, assure le maire. Vous serez relogés d’ici un an ou deux mais nous avons très peu de logements vacants à Mantes. Le bailleur (Ndlr : CDC Habitat, absent mardi mais représenté mercredi) va vous faire des propositions. » Dubitatif, le locataire égrène les problèmes et pointe les multiples dysfonctionnements.

Les deux premières réunions publiques du Val-Fourré ont mis en lumière la dégradation de l’habitat et le manque de places de stationnements.

Raphaël Cognet ne peut que prendre acte : « Ils (CDC Habitat) ont laissé se dégrader leur habitat, je m’engage à leur mettre la pression » Il le faut car une autre locataire de la tour se manifeste, de guerre lasse. « Plomberie cassée, cafards, ascenseur en panne… J’ai cessé de lutter. J’entre dans ma 11e année dans cette tour et on ne m’a jamais proposé un seul autre logement. J’ai l’impression que l’on fait tout pour que l’on reste dans cette tour. »

Face à la dégradation de l’habitat mais aussi aux incivilités commises, la Ville a un sérieux dossier sur les bras. « L’immense majorité des gens a demandé à déménager. Et vous allez déménager car la tour va tomber ! » En attendant, il n’y a « pas de solutions à court terme ». Et pas de proposition de relogements pour tous car « le système est embouteillé par les habitants des tours Ader. » Le focus est actuellement mis sur le relogement des habitants de ces deux tours très dégradées elles aussi. Elles seront sûrement les premières à tomber …

L’habitat n’est pas le seul problème du quartier. Le stationnement est aussi largement décrié. C’est encore plus flagrant les jours de marché sur la dalle, les mardis, vendredis et dimanches. « On n’a pas de places ! » déplore un riverain. Du coup, le stationnement, anarchique, se multiplie, et parfois, les PV pleuvent. Au grand dam d’habitants du quartier, excédés. Raphaël Cognet a une solution, mais pas dans l’immédiat. « Il faut développer l’offre de stationnement sous la dalle. Actuellement, tout le monde stationne sur l’espace public et on n’a pas assez de places. » Une difficulté également liée à la gratuité de celle-ci. « Notre ville accueille des voitures d’ailleurs qui stationnent des semaines. Le stationnement gratuit au Val-Fourré est un problème. Il faut réfléchir collectivement à cela. » Le maire a ainsi invité les riverains à signaler les véhicules tampons ou les épaves afin de libérer des places. « Nous avons enlevé l’an passé 350 voitures au Val-Fourré ! »

L’avenir n’est pourtant pas à la répression à tout-va mais à la réouverture des grands parkings souterrains situés sous la dalle. « 650 places existent. L’idée, c’est de rouvrir ces parkings. » Reste à savoir quand ! « Ce n’est pas dans l’immédiat, poursuit Raphaël Cognet. Et les parkings seront payants. » Il existe bien une autre aire de stationnement, le parking de l’hôpital. « C’est très bien qu’il soit payant, assure Raphaël Cognet. Avant, on ne pouvait pas se garer ! Mais il faut certainement des parkings relais pour les gens qui prennent le bus A14. »

Autre solution, la résidentialisation des résidences, toujours dans le cadre de la rénovation urbaine. Des places de parkings privées devraient être créées pour les locataires des immeubles. Là encore, ce n’est pas précisément pour demain. Dans l’immédiat, la Ville prévoit de refaire entièrement l’éclairage public du quartier. Le passage à des ampoules LED est annonciateur de belles économies mais gare à la casse ! « Certains mettent de l’acide dans les câbles, c’est qu’ils ont quelque chose à cacher … » déplore le maire.

L’avenir dira si remettre la lumière sera suffisant pour redonner un surplus de tranquillité mais une chose est certaine, comme le constate un habitant installé ici depuis 35 ans : ces dernières années, « le visage de Mantes-la-Jolie a vraiment changé. »

Un préfet dans le quartier

Pascal Courtade, le préfet délégué pour l’égalité des chances auprès du préfet des Yvelines, était présent mercredi à Mantes-la-Jolie pour recueillir le ressenti des habitants.

Mercredi 31 mai dernier, une surprise de taille attendait la soixantaine de personnes réunies au gymnase Lecuyer au Val-Fourré. Le préfet Pascal Courtade s’était invité pour recueillir les sentiments des habitants. Le ton a rapidement été donné ! « Le gymnase n’a jamais été aussi propre qu’aujourd’hui, » a lancé un habitant en guise de bienvenue.

Le préfet Courtade était l’invité surprise de la réunion du mercredi 31 mai dernier.

Le représentant de l’Etat n’était néanmoins pas venu de Versailles pour recueillir les doléances des habitants mais bien pour prendre le pouls de la cité et voir concrètement les effets de la décentralisation. Il n’a pas été déçu du voyage. « La réhabilitation, c’est un gros bordel », lui lance un riverain en signalant des travaux de voirie en attente de réalisation. « Notre inquiétude, c’est l’insalubrité », déplore une habitante envahie par les rats à proximité de l’hôtel des impôts. « On a envie de partir, on en a ras-le- bol, enchérit une autre. C’est trop, on n’en peut plus. La dératisation est venue simplement aujourd’hui… » « La réunion ne provoque aucun travaux, » ­recadre Raphaël Cognet, le maire de la ville.

Pascal Courtade veut en savoir plus sur la situation dans le quartier. « Quelles choses vous paraissent prioritaires ? »

Des réponses apparaissent : des occupations pour les enfants après l’école, la santé … « On a des dentistes mais pas les meilleurs », déplore une administrée. Le quartier manque de professionnels de santé, en premier lieu de médecins traitants mais aussi, par exemple, de dermatologues.

La question du transport vient sur le tapis. L’exemple de Dunkerque, où le bus de la communauté urbaine est gratuit, fait rêver une habitante. « Le transport nous revient cher ! »

À contrario, l’offre sportive semble satisfaisante. Le préfet voudrait savoir si le nombre d’éducateurs de rue est suffisant. « Ici il y a des jeunes qui ont des rêves mais les outils mis à leur disposition, c’est de la basse qualité », lui répond un habitant. « Il y a une défaillance au niveau de l’Education Nationale, l’enseignement est de très faible qualité. Cela fait 30 ans qu’on rame et on risque de ramer encore longtemps… »

Le sujet de l’immigration est particulièrement sensible. En particulier la nouvelle immigration. Justement, un groupe d’Afghans est là. Il réclame une salle pour pouvoir réunir la communauté et pointe des difficultés pour apprendre le français. « C’est un gros problème. On est nombreux à Mantes-la-Jolie, il faut des cours adaptés. »

« L’apprentissage est prioritaire, reconnait Raphaël Cognet. Si vous avez besoin de salles, on peut en mettre à disposition à l’Agora ou dans les CVS (Centre de Vie Sociale) ».Cela ne suffira évidemment pas à régler la problématique liée à l’immigration. « Cela fait 20 ans que je vis ici. C’est malheureux tout ce chômage, les jeunes de la cité sont tous au chômage, c’est un gâchis. Ici, on est dans un pays où il faut avoir un bon travail, réussir. Mais beaucoup d’immigrés ne savent ni lire, ni écrire … Pour le bien de la France, l’Etat ne doit pas laisser ces gens tout seuls. L’échec scolaire dans nos cités, c’est l’Etat qui perd. Il doit faire des efforts pour qu’il n’y ait plus d’échec scolaire. » Voilà une belle feuille de route pour le préfet Courtade !