Val-Fourré : Le problème de la drogue enfin sur la table

Dès la première question, Raphaël Cognet est interpellé à propos du trafic de drogues. Le témoignage, venu d’une mère de famille, ne laisse pas de place au doute. Le trafic de drogues est une plaie ouverte à Mantes-la-Jolie : « Il n’y a aucune mesure contre l’insécurité. Il y a des nuisances sur les parkings toutes les nuits et le trafic de drogues gangrène le quartier. Les trafiquants dealent à la vue de tous. La police est au courant et ne fait rien ! J’ai une grosse rancœur. Plusieurs fois, mes enfants ont dû enjamber des barrettes de shit… Quand on les croise (Ndr : les dealers) dans l’escalier, ils comptent les billets. C’est très dur psychologiquement. Il n’y a pas de mots pour comprendre ce que l’on vit. » Ce n’est pas fini. Son bailleur social, 1001 Vies Habitat, a lui aussi baissé les bras ! « Cela fait 6 ans que j’attends de déménager. »

La situation est difficile à régler. Raphaël Cognet n’y peut pas grand-chose. « La lutte contre le trafic de drogues, c’est le travail de la police. Je n’ai aucun moyen de résoudre ce problème. […] Le trafic de stupéfiants n’est pas du tout réservé au Val-Fourré, il y en a au centre-ville, dans les petits villages aussi. Les forces de l’ordre ont pour consigne de lutter contre cela. »

La drogue n’a pas été le seul sujet abordé. Le maire, comme à son habitude, avait commencé la réunion en présentant ses grands projets. Aux Garennes, il y a la construction de maisons individuelles. Un jeune aurait voulu voir plus de commerces, notamment une boulangerie, s’implanter. « Nous avons des idées pour construire du commerce à proximité des Garennes » assure le maire. Ce sera pour plus tard …

Le choix d’édifier 18 maisons neuves dans une friche à proximité du centre médico-social du Lac fait débat. Raphaël Cognet reste sûr de son fait : la commercialisation marche très bien ! La construction d’un centre de loisirs de 120 places est aussi annoncée.

Dans les écoles du quartier, la baisse des effectifs inquiète les mères de familles. Raphaël Cognet n’a guère de marge de manœuvre sauf à accorder des dérogations, une soixantaine cette année sur 111 demandes. Une nouvelle carte scolaire est à l’étude avec l’Education Nationale pour la rentrée 2024. « Notre boulot, c’est de répartir les élèves, détaille le maire. Mais on ne change pas une carte scolaire pour éviter une fermeture de classes. Et on manque de profs. » Pas suffisant pour rassurer des mères de familles investies dans la réussite scolaire de leurs enfants.

Un des Mantais voudrait des moyens pour mener des actions en lien avec les habitants. Il interpelle le maire. « On a à Mantes une association qui s’appelle l’IFEP, » réplique celui-ci. Censée mener une mission de prévention spécialisée auprès des enfants et adolescents, cette structure ne répond pas aux besoins. « On fait le travail que l’IFEP ne fait pas, assure-t-il. Dans le quartier, cela se dégrade. Si rien n’est fait, ce sera comme dans l’ancien temps, quand ça tirait… » Il met le doigt sur un sujet brûlant mais Raphaël Cognet refuse de s’engager. Bintah Sy, l’ancienne conseillère municipale communiste, enfonce le clou. « L’IFEP, c’est que sur le papier. Avant, ils allaient sur le terrain, plus maintenant. » « Le Département finance l’IFEP, réplique Raphaël Cognet. Je ne rémunérerai pas d’autres associations mais on est prêt à aider à faire des animations. »

Reste que de mauvaises habitudes ont été prises avec les générations précédentes. Voyages en Espagne ou en Croatie, sorties estivales tous frais payés, tout cela est terminé. « Je pense que cet été, les habitants vont avoir des problèmes », prédit un intervenant. Sommé de s’expliquer, Raphaël Cognet se défend avec virulence : « La Ville de Mantes-la-Jolie n’a pas les moyens d’emmener les jeunes en Espagne. Nous avons d’autres dispositifs, cela se chiffre en centaines de milliers d’euros. Quand j’avais 18 ans, je travaillais deux mois l’été pour ­partir avec mes potes. »

Encore faut-il trouver du travail. Deux des filles de Raphaël Cognet en ont sur le marché. « Elles ont 16 et 18 ans et gagnent 110 euros chaque samedi », précise le maire. ­L’assistance est dubitative.

La Ville recrute aussi 40 jobs d’été annuellement et un job dating était organisé vendredi 9 à l’Agora avec de nombreux partenaires…