ArtY’culez, l’art oratoire au service de la confiance en soi

Dès l’arrivée au Phenix de Chanteloup-les Vignes, le décor est posé. Les spectateurs patientent au son de l’Appel du 18 juin et de I have a dream tandis que les candidats – tous en voie d’insertion professionnelle et yvelinois – se préparent dans une pièce à part. Dans quelques minutes, dès qu’Isis Montanier, la maîtresse de cérémonie, terminera son discours inaugural, les 8 concourants clôtureront par leurs prestations une aventure humaine de quatre mois. « Je comptais sur ce concours pour me donner de l’élan » confesse Anthony, BAC + 3 en poche et qui concède également « être resté trop longtemps dans sa chambre au lieu d’effectuer des recherches d’emploi ».

Cependant, grâce à ArtY’culez, il assure avoir emmagasiné assez de confiance en lui pour reprendre son envie de travailler dans le monde du tourisme. De son côté, Clément cherchait à combattre une timidité problématique pour sa reconversion professionnelle en tant que psychologue du travail. Par ailleurs, le Conflanais a dû être poussé par ses camarades jusqu’à la dernière minute et se présenter sur la scène : « J’ai hésité à me lever car je ne croyais plus en mon texte ». Quant à Jaël, elle s’est lancée sur les conseils du travailleur social qui la suit, par amour de la langue française mais aussi l’envie d’ajouter une « petite ligne à son CV ».

« La maîtrise de la langue française est une véritable arme pour se vendre lors des entretiens d’embauche » rappelle Isis Montanier, « c’est aussi une réelle nécessité pour le public des solidarités et qui leur permet de révéler un potentiel parfois caché par un parcours de vie complexe. » Mais l’éloquence n’est pas qu’une juxtaposition de mots, une capacité de réflexion doit apparaître au fur et à mesure des discours. Anthony se lance le premier dans l’arène et tente d’expliquer si « la terreur est-elle humaine ? ». Jaël ne cache plus son affection pour la langue de Molière et présente une plaidoirie sur « Le viol de la grammaire doit-il rester impuni ? » Mais contrairement à la tribune du Figaro fleurant le « de mon temps c’était mieux », elle se demande si ce n’était pas les règles de grammaire, d’orthographe qui mettaient un carcan sur notre moyen de s’exprimer.

Clément ferme la marche avec « l’habit fait-il le moine ? ». « Lequel » s’interroge-t-il, « un cistercien, un trappiste, un de l’ordre des mendiants ? ». Un jeu de mot que n’aurait pas renié Raymond Devos. Toujours dans le but de s’amuser dans le champ lexical monacal, les vêtements finiraient par devenir un véritable sacerdoce dans lesquels nous nous enfermons pour jouer un rôle dans la société. Le Conflanais finit par un trait d’esprit : « comment attester qu’un moine porterait bien son habit ? » Les délibérations démarrent à la fin de cette phrase. Le plaidoyer de Jaël remporte le prix du jury preuve que l’avocat Julien Sacre a bien fait son travail lors des sessions d’entraînement. Clément décroche quant à lui le prix du jury. Toutefois, l’intégralité du groupe s’est vu remettre des présents de la part du département afin de les féliciter de leur engagement.

« Qu’importe qui pouvait gagner, notre victoire était d’être tous présents aujourd’hui » rappelle Anthony, « on n’imagine pas tout le travail qu’il y a derrière nos prestations et notre progression » ajoute la vainqueure. L’année dernière, sur les 11 participants de parcours d’insertion professionnelle, 6 ont fini par retrouver un emploi et 2 sont actuellement en formation qualifiante. Preuve que ce genre d’initiatives valent mieux que des futurs flicages gouvernementaux démesurés et hors-sol.