Zola et Dreyfus toujours unis contre les discrimations

« Cette idée a germé il y a deux ans, lors d’une précédente convention avec le mémorial de la Shoah » raconte Philippe Toccanier, procureur de la république adjoint au tribunal judiciaire de Versailles. Si celle-ci s’adressait aux adultes, le partenariat entre le palais de justice basé dans le chef-lieu des Yvelines et le Musée Dreyfus de Médan se concentrera sur les mineurs dont les actes répréhensibles auront comme mobile des faits discriminatoires, circonstance aggravante prévue dans le code pénal. « C’est le seul site mémoriel du territoire. Or, nous avons remarqué que réaliser des actions de citoyenneté sur des lieux chargés d’histoire à un impact important » explique le magistrat.

Pour le moment, les modules ne sont pas complètement définis mais les grandes lignes sont déjà tracées. La matinée sera consacrée à l’affaire Dreyfus – avec en toile de fond toutes les formes de racisme – et la visite du Musée sera assurée par Martine Le Blond-Zola, arrière-petite-fille de l’écrivain. « Elle connaît l’histoire par cœur et donne cette impression d’y être encore. Elle passionne déjà les jeunes qui viennent dans le cadre scolaire… » s’enflamme Philippe Toccanier. Quant à l’après-midi, une table ronde verra tous les acteurs de ce stage de citoyenneté débattre autour de diverses thématiques comme la lutte contre la haine en ligne, des atteintes à la laïcité… « Nous espérons qu’une émulation se produise et que les jeunes repartent sur des bases nouvelles » théorise le procureur adjoint.

Et pour que les jeunes puissent comprendre le message qui leur est transmis, Philippe Oriol a étudié scrupuleusement la muséographie de son établissement. « Il faut faire un lien entre le passé et leur modernité. Par exemple, à l’entrée il y a un mur de portraits. Ce sont des photos que les gens faisaient lorsqu’ils allaient dans leurs lieux de villégiature, puis se les échangeaient. C’était l’Instagram de l’époque » indique-t-il. Le directeur du musée fait également un parallèle entre les techniques des anti-Dreyfusard et les partisans de Reconquête : « Les Dreyfusards étaient là pour convaincre, donner des éléments de réflexion et les consignaient dans des livres. Alors que leurs opposants s’adressaient directement au cœur et à la passion en réalisant des flyers ou des chansons antisémites sur des airs entraînant afin d’agir vite en sans recul. »

Autre discours sous-jacent, rappeler les vertus émancipatrices de la République et démontrer comment un Italien – Zola n’est devenu français qu’à 23 ans – et un enfant de confession juive étaient capables d’avoir des carrières honorables. « Même si c’est plus facile pour une personne blanche blonde aux yeux bleus » reconnaît Philippe Oriol. Comme le rappelle l’historien, la culture et la connaissance permettent d’éviter les travers de la discrimination. « Je n’ai pas de solution miracle mais j’espère que cela peut aider à changer les mentalités » admet-il, « mais plus le problème sera traité tôt, plus il disparaîtra » ajoute Philippe Toccanier.