C’est la canette qui fait déborder l’exaspération. Jacques* est plus abattu que révolté. « Dire que ma mère était une personne d’une propreté exemplaire et tellement respectueuse des disparus, la voir aujourd’hui enterrée dans un cimetière dans cet état, ça me retourne. J’en ai les larmes aux yeux ». Depuis qu’il a découvert lors de son passage au cimetière une canette métallique laissée à l’abandon sur la tombe d’un défunt, le quinquagénaire est outré. Outré par la manière dont ceux qui en ont la responsabilité ne veillent pas sur les cimetières comme la décence devrait les y obliger.
Pourtant partisan de l’actuelle municipalité élue en mai 2022, il ne comprend pas ce qu’il se passe : « Je croyais vraiment que veiller sur les morts, c’était une qualité revendiquée du maire mais je m’aperçois qu’il est comme certains de ses homologues. Les morts, ça ne vote pas. En revanche, il devrait savoir que cette situation de quasi-abandon des cimetières peine les familles et que les familles elles, elles paient des impôts, se parlent et votent ».
Sur le sujet, Jacques* est intarissable : « On sait bien, on nous l’a assez répété que les désherbants genre round up et les autres produits jugés mauvais pour la santé sont interdits. Mais dans le temps, comment faisait-on ? Il n’existait pas toutes ces saletés polluantes. Les employés communaux se crachaient dans les mains et désherbaient avec leurs binettes. Alors bien sûr que c’est pas rigolo de manier la binette pendant toute une journée, qu’on se fracasse le dos mais si c’est ça ou laisser les cimetières à l’abandon, il va falloir choisir ».
Jacques* ne manque pas d’idées pour faire en sorte que les cimetières mantais retrouvent leur propreté d’antan. Il a bien compris que les recrutements sont à marée basse et que personne ne se précipite dans la sous-préfecture pour y travailler. Depuis plusieurs mois, c’est même le contraire qui se produit. Les communes voisines reçoivent des CV d’agents mantais qui n’ont qu’une idée en tête, quitter la sous-préfecture : « J’ai lu que dans une ville de Bretagne, ils ont mis en place une journée de solidarité car la commune, de par sa taille, n’avait pas les moyens humains de nettoyer correctement le cimetière. L’idée c’est que les citoyens se retrouvent pour désherber à la main et qu’à l’issue du travail qu’ils ont fourni, un repas en commun leur est offert. Non seulement ça permet d’honorer les anciens disparus et ça à l’avantage de mettre en place une véritable solidarité entre habitants ».
*le prénom de Jacques a été modifié à sa demande.