Élections sénatoriales : Mantes-la-jolie recalée

Rira bien, qui rira le dernier ! La ville de Mantes-la-Jolie n’a pas été capable d’organiser sans encombre un conseil municipal entièrement dédié à la désignation par vote des « grands électeurs » qui prendront part au scrutin des sénatoriales du 24 ­septembre prochain.

Les membres de la majorité avaient pourtant quitté l’hôtel-de-ville rigolards comme des gamins qui venaient de jouer un vilain tour au groupe d’opposition Mantes Unie pour l’Avenir. En faisant voter un élu de leur équipe pour le duo de gauche le Printemps Mantais, ils permettaient au couple composé de l’écologiste Guillaume Quévarec et de l’ex-LFI Audrey Hallier d’obtenir un « grand électeur » de plus, un « grand électeur » qui aurait dû aller logiquement à la liste Mantes Unie pour l’Avenir sans cette manœuvre de bas-étage. Une manœuvre, la deuxième du genre en peu de temps, qui fait suite à l’élection récente d’Audrey Hallier au conseil d’administration d’une société d’économie mixte présidée par le maire.

Seulement voilà, la rigolade allait être de courte durée pour Raphaël Cognet et ses amis au sens large puisqu’il englobe aussi le duo de gauche, supposé d’opposition, souvent contre Raphaël Cognet, tout contre même.

Quelques jours après ce conseil municipal, à la lecture du procès-verbal de la séance, le contrôle de la légalité alertait immédiatement le préfet sur des irrégularités constatées dans le document. Le représentant de l’État dans le département saisissait alors sans délai le tribunal administratif de Versailles, lequel annulait purement et simplement les délibérations à cause d’irrégularités, irrégularités portant notamment sur le procès-verbal erroné et des règles de parité non-respectées.

Résultat de ce raté magistral, un nouveau conseil municipal est prévu le mercredi 28 juin. Si ce jour-là qui tombe au beau milieu de la fête musulmane de l’Aïd El Kebir, le quorum n’est pas atteint, une nouvelle séance aura lieu le lundi 3 juillet prochain.

La décision du tribunal administratif de Versailles a pour la ville de Mantes-la-Jolie des effets désastreux en termes d’image.

Elle a déjà donné lieu à des tensions notables entre certains élus et des cadres municipaux. Selon nos informations, Olivier Barbier, adjoint à la vie associative et démocratie participative a exprimé ses reproches à la directrice générale des services (DGS). Quant à Gwen Raffin, directrice générale-adjointe (DGA) en charge de ces questions, elle a eu aussi droit à des remontrances du maire. Mais c’est de fait toute une chaine administrative et politique qui a failli lors de cet épisode pitoyable. Si une erreur humaine est toujours possible, les choses doivent être organisées de telle manière qu’elle soit rattrapable et rattrapée. Ce qui ne s’est pas produit sur ce conseil municipal.

La majorité municipale a trouvé le temps d’organiser un mauvais tour aux opposants de Mantes Unie pour l’Avenir avec la complicité du Printemps Mantais mais n’a pas pris le temps de veiller à l’essentiel : l’organisation réglementaire de cette séance.

Aujourd’hui, plusieurs questions se posent sur l’organisation administrative et politique de cette ville. Si on a compris qu’une DGA et la DGS ont bien failli, d’autres ont été aux abonnés absents. À commencer par Edwige Hervieux, première adjointe aux affaires générales et à l’administration. D’habitude si prompte à s’occuper des détails, elle est passée à côté de l’important, trop occupée sans doute à se trouver un strapontin sur une liste aux prochaines sénatoriales. Quant au directeur de cabinet Guy De Chergé qui ne déteste pas se mêler de l’administration communale, il s’est transformé en ­fantôme sur cette affaire.

« Clairement, ce flop donne le ton de l’ambiance générale, relève un élu d’une commune voisine. Que ça arrive dans mon village, passe encore. Mais dans une ville de 45 000 habitants comme Mantes c’est quand même hallucinant. Là, Raphaël va non seulement avoir beaucoup de mal à expliquer que c’est la faute de Bédier mais il va aussi passer pour un maire un peu léger auprès du préfet ».