Comment le festival Contentpourien a traversé les années FN

« On était une bande de jeunes à Buchelay, on se retrouvait pour jongler dans les champs, dans les squats … » Alexandre Aumont, Canard, est le président de A chacun son cirque, l’association organisatrice du festival Contentpourien dont la 14e édition a lieu actuellement dans le Mantois. Le grand rendez-vous est attendu ce week-end dans le verdoyant Parc de la Vallée à Mantes-la-Ville. « Nous avons commencé en 2009 par faire des ateliers, puis nous avons eu envie d’aller plus loin. L’offre culturelle était très faible dans le département, encore pire qu’aujourd’hui…La faute à nos politiques, ils font la pluie et le beau temps, mais la politique, ce n’est pas notre engagement… »

Le festival a quand même dû traverser de sacrées turbulences à cause de celle-ci. D’abord implanté sur le stade de Buchelay de 2009 à 2011, le festival a déménagé sur l’île Aumône à Mantes-la-Jolie. L’accueil n’a pas été plus sympathique sur les bords de Seine. « Nous nous sommes faits virer comme des malpropres par le maire Michel Vialay. En 2014, on s’est retrouvés à Mantes-la-Ville. Nous devions faire notre première édition au Parc de la Vallée lorsque le FN a été élu. Tout était calé. On s’est posé la question de tout annuler. Finalement nous n’avons pas voulu laisser le terrain libre. »

Les relations avec la ville se tendent, la subvention municipale espérée fond comme neige au soleil. Le festival, porté « par des idéaux de gauche plus que de droite », résiste. « Nous avions une petite fenêtre d’ouverte, nous n’avons pas voulu la fermer mais on n’a pas trop compris …. Le ton est parfois monté. Ils voulaient faire une guinguette, on leur a dit non. »

Bon an mal an, le festival parvient à affirmer ses valeurs altermondialistes sans trop subir de pressions politiques. En pleine phase de dédiabolisation, le FN laisse faire sans parvenir à récupérer la manifestation. « Ce fut des années de disette de subventions. Après les dernières présidentielles, le FN a lâché l’affaire. Ils ont compris qu’on ne serait jamais d’accord avec eux. » Le festival doit néanmoins faire preuve de résilience. « Les êtres humains qui travaillent pour cette mairie nous ont apporté un gros soutien, notamment logistique. Les petites mains, les gens de l’ombre, nous ont beaucoup aidés, contrairement aux politiques qui nous ont toujours pris pour des punks à chiens. »

L’arrivée à la mairie de Samy Damergy fait souffler un vent nouveau. La subvention est revue à la hausse. Le budget flirte désormais avec les 90 000 euros ! L’association organisatrice, membre du réseau des musiques actuelles en Ile-de-France( RIF) est reconnue au niveau régional. Financée par la communauté urbaine GPSEO (à hauteur de 14 000 euros), par la Préfecture pour 1 500 euros, elle attend également un financement de la DRAC et du Département mais rien de la Région. « Tout leur argent va à Rock en Seine » déplore Canard. Cela n’entame en rien la motivation sans faille des bénévoles du festival. « À un moment, les planètes s’alignent. Pour nous, chaque année, ce doit être notre meilleure année. Lorsque ce ne sera plus le cas, il sera temps d’arrêter. »

Le festival Contentpourien se déroule du 30 juin au 2 juillet au Parc de la Vallée à Mantes-la-Ville. (Voir en page culture)