Le 30 juin prochain de midi à 15 h 15, les agents de la ville sont conviés à un barbecue au parc des expositions Michel-Sevin. C’est en fait la première pierre de l’opération « reconquête du personnel » qui se met en place à travers cette invitation signée par le maire Raphaël Cognet, par la première adjointe Edwige Hervieux et par la directrice générale des services Aurélie d’Hartoy.
Car s’ils sont collectivement dans le déni, les élus de la majorité comprennent au fil du temps qu’entre eux et les agents, la mayonnaise ne prend pas. Que l’indispensable ciment entre les décideurs politiques et les fonctionnaires en charge de faire fonctionner la ville au quotidien reste à l’état liquide.
Car les chiffres sont édifiants. Depuis juillet 2022, près d’une centaine d’agents ont souhaité quitter la ville pour aller exercer leurs compétences dans d’autres collectivités locales. Et dans lesdites collectivités, mairies, communautés de communes ou communautés d’agglomérations, les CV continuent d’affluer. C’est la démonstration concrète qu’un vrai malaise règne dans une ville où à grands coups de communication, on veut faire croire aux plus naïfs des Mantais que tout va bien dans le meilleur des mondes. Une sorte de « tout va très bien Madame la Marquise » du 21ème siècle. Là où le bât blesse encore un peu plus, c’est que ces départs ne sont pas seulement le fait des cadres de catégorie A comme c’est parfois le cas en cas d’alternance politique même si là, la situation est un peu plus subtile, mais des autres catégories qui sont ceux qui jour après jour font tourner la machine.
« Une petite centaine d’agents qui quittent la ville en un an, ça représente presque 10 % des effectifs. C’est considérable. Que beaucoup d’agents sont des gens du cru. Ils sont implantés à Mantes ou dans les communes voisines. Ils ont grandi ici, ont décidé d’y faire leur vie. Il faut vraiment qu’ils ne soient pas heureux pour décider de partir, témoigne un agent qui s’interroge sur un éventuel changement. Le malaise est profond. C’est le règne de la suspicion permanente. Malheur à celui qui échange avec un élu de l’ex-majorité. Et puis on sent bien qu’il y a dans l’équipe municipale des luttes de pouvoir pour se valoriser. Entre le directeur de cabinet, la DGS, la première adjointe et le maire, il arrive un moment ou les agents ne savent plus qui commande. Et souvent pour des sujets mineurs ».
Une autre fonctionnaire a elle la dent encore plus dure : « si le maire croit qu’il va nous acheter avec trois merguez. Avec ce que certaines d’entre nous endurent au quotidien. Il se met le doigt dans l’œil ». Une de ses collègues ne comprend elle pas le sens de la démarche : « Beaucoup d’autres villes organisent des soirées pour le personnel. En général, ça se passe le week-end en soirée, c’est organisé par l’amicale du personnel, on peut venir avec son compagnon ou sa compagne et ça se poursuit par une soirée dansante. Là ce barbecue, ça fait bizarre. Ambiance ou pas, à 15 h 15, on remballe ».