La guerre de Troie vite faite à Avignon

Jeudi 22 juin dernier, la compagnie du Mantois faisait un dernier filage de sa pièce « La guerre de Troie (en moins de deux !) », dans une salle de Porcheville avant un nouveau grand saut, le second avec cette pièce, au cœur du festival Off d’Avignon. « Rejouer à Avignon, dans une nouvelle adaptation, nous fait très plaisir, se réjouit Eudes Labrusse, le directeur depuis 2001 du théâtre du Mantois. Il va falloir essayer de sortir du lot dans le foisonnement du festival. Faire sa place dans cette jungle n’est jamais gagné d’avance. La dernière fois, cela s’était très très bien passé. Là, nous jouons dans un autre lieu, ce sera plus serré mais pour être vu par tous les programmateurs potentiels de France, c’est vraiment là qu’il faut être. »

L’objectif est de vendre le spectacle pour mettre en place une nouvelle tournée française. « Nous avons pris la décision d’y retourner car nous arrivions à la fin de la tournée. Soit on laissait le spectacle mourir après une très belle vie, soit nous réinvestissions pour continuer. Il y a en France un réseau de salles extraordinaires ! »

Le spectacle, créé en mai 2018, a déjà été présenté avec succès à Avignon en 2019. Cela avait permis à la compagnie de tourner dans toute la France. 150 représentations ont déjà été données, en comptant les séries parisiennes et avignonnaises. 80 villes ont accueilli la troupe, dont Mantes-la-Ville. « Nous avons joué à la salle Jacques-Brel en janvier 2020. C’était la dernière date avant le confinement. »

La prestation à Avignon au Théâtre du Girasole doit servir de tremplin. La compagnie investit fortement, environ 70 000 euros, en ce sens. Le tout sans subvention.

À les voir s’éclater lors du filage, les comédiens (Catherine Bayle, Pascaline Schwab, Grégory Nardella, Loïc Puichevrier, Stéphanie Labbé ou Hoa-Lan Scremin en alternance, Philipp Weissert, et Christian Roux, également pianiste sur scène), sont visiblement prêts à en découdre. Ils sont les interprètes d’une pièce intense qui déroule à toute berzingue 20 ans de mythologie grecque autour de la belle Hélène, d’Achille, d’Ulysse et des multiples héros, dieux et demi-dieux, de la Guerre de Troie. Les références se mêlent à une déferlante de gags souvent anachroniques. On vogue parfois à la limite de l’ultraviolence. « Cette pièce parle aujourd’hui car les situations sont exacerbées. Tout est énorme : ce sont des dieux et des héros, ils font la guerre très méchamment, sont très amoureux. Les personnages sont tous aussi pourris les uns que les autres. Il s’agit de situations qui nous parlent, à nous pauvres humains. » Pour le directeur du théâtre du Mantois, metteur en scène de la pièce avec Jérôme Imard, « tout est ici traité avec insolence, les personnages sont grotesques sans que l’on ait à appuyer la chose. C’est la guerre de Troie, ce n’est pas une guerre de gentils, c’est un massacre continuel mais il n’y a pas d’autres messages que de redécouvrir cette histoire en 22 tableaux. »

« La guerre de Troie (en moins de deux !) » du 7 au 29 juillet à 19h25 au Théâtre du Girasole au Festival Off d’Avignon (relâche les lundis).