Les urgences face à la tension hospitalière

En 2022, 162 306 passages ont été enregistrés par les services des urgences à Poissy, à Meulan-en-Yvelines ou encore à Mantes-la-Jolie. Un chiffre surdimensionné par rapport à la capacité d’accueil. Pour mieux anticiper la gestion des flux, plusieurs mesures ont été prises depuis le 1er juillet dernier dans les hôpitaux publics des Yvelines Nord. La principale concerne le site hospitalier de Meulan-en-Yvelines (CHIMM) : l’accueil de nuit aux urgences adultes y est suspendu jusqu’au 31 août, les urgences gynécologiques, obstétricales et la maternité seront fermées du 4 au 21 août. « L’été 2022 a été assez compliqué, détaille Diane Petter, directrice générale des hôpitaux de Mantes-La-Jolie, Meulan-Les Mureaux et Poissy-Saint-Germain-en-Laye. Et l’hiver catastrophique, avec une triple épidémie. »

D’où l’importance d’utiliser les urgences uniquement quand cela s’avère « vraiment nécessaire. » Alors que faire pour savoir s’il faut vraiment aller dans ce service ? Appeler le 15, tout simplement, avant de se déplacer, car les capacités d’hospitalisation sont contraintes. « Gérer les flux, c’est le job quotidien. Notre difficulté est de devoir garder les patients alors que nous manquons de lits disponibles dans un service d’hospitalisation. » Car une fois vus par un médecin, ces patients ne relèvent plus de ce service. Ils sont en attente d’un lit d’hospitalisation dans un autre ­service voire un autre hôpital…

Le problème est particulièrement aigu pour les urgences pédiatriques, service dans lequel l’anxiété des parents « augmente avec l’heure ». Cela les poussent parfois à amener leur enfant mineur à l’hôpital alors que son état ne le nécessite pas. Une prise de risque car un enfant qui attend quelques heures dans une salle d’attente peut être contaminé par d’autres infections. « Trop de parents viennent pour se rassurer », constate Diane Petter.

Comme on manque de pédiatres, notamment à Mantes-la-Jolie, il reste les médecins généralistes pour poser un diagnostic afin d’éviter le passage aux urgences, ou encore le pharmacien tout simplement. Et il y a surtout le 15 pour des conseils ou une orientation.

Une bonne nouvelle néanmoins, le service des urgences va continuer à fonctionner tout l’été, et Diane Petter l’assure, « les professionnels seront présents H24 pour accueillir les patients. »

En attendant la construction des nouvelles urgences de Mantes-la-Jolie prévue en 2026, 100 000 euros viennent d’être investis pour améliorer l’accueil. « Il s’agit aussi de séparer les adultes des enfants qui sont vus aux urgences générales pour un traumatisme, précise le docteur Renaud Getti, responsable du pôle inter-établissements des urgences. Nous essayons de ne pas faire se ­croiser les flux. »

Le secteur des urgences pédiatriques médicales reste néanmoins tendu à Mantes-la-Jolie avec seulement 7 postes de médecins sur 12 pourvus. D’où ce cri d’alarme de la docteure Béatrice Pellegrino, la cheffe du service de pédiatrie, de pédopsychiatrie et des urgences pédiatriques de Mantes-La jolie : « On n’est pas mieux soigné à l’hôpital si on y vient à tort ! »