La Lucarne d’Evry, entrevoir de nouveaux horizons

Le football a cet avantage de pouvoir se pratiquer avec peu d’éléments. Une fenêtre étroite, un ballon, et voilà que tout le monde souhaite démontrer son adresse. Voici le principe de la Lucarne d’Evry dont la ville originelle sert dorénavant de trademark. L’été dernier, elle s’était exportée dans de multiples contrées avec toujours le même engouement qu’importe la localisation. Cette année, elle reprenait son petit bonhomme de chemin en s’attardant dans les Yvelines. Une escapade dans cinq villes rendue possible par le Département et Karl Olive, le député ayant même été un des premiers élus à se déplacer dans l’Essonne afin de relever victorieusement le défi.

Ce n’est donc pas un hasard si Poissy accueille la première étape le 13 juillet. Tous les mordus de ballon rond s’amassent autour du cadre réservé. Et il faut du cran pour oser car la foule est impitoyable. Elle charrie quand la gonfle part dans les nuages, elle explose quand la sphère de cuir passe la lorgnette… À ce petit jeu c’est Adem qui l’emporte – ce 13 juillet devenant ainsi son 12 – alors qu’il « m’a prévenue au dernier moment pour venir » comme le révèle sa maman remplie d’émotions. Du côté d’Épône, c’est le même état d’esprit. Toujours la centaine de courageux présente en début d’après-midi avec seulement un heureux élu à la fin de la journée.

La bataille finale aura lieu le 2 septembre à Evry. Nos cinq représentants locaux se mesureront à 40 autres challengers venus d’autres contrées de l’Hexagone, avec à la clef deux chèques de 20 000 euros : un pour la plus adroite et un second pour le plus adroit.

Mais dans certaines communes yvelinoises, il n’y avait pas que le ballon rond qui concentrait toutes les attentions. Sur la place de la République pisciacaise, le breakdance était également présent. « Cela fait partie de la culture « street » » souligne Éric Roger, adjoint délégué au sport, à la jeunesse, à la vie associative et à l’engagement bénévole, « c’est un moyen de mettre à l’honneur cette jeunesse souvent stigmatisée afin qu’ils puissent s’exprimer au sens large du terme » ajoute Audrey Lepert, déléguée à la jeunesse et à la vie étudiante.

La stigmatisation, un des nœuds du problème. Si les émeutes de juillet ont démontré que les clichés sur les « jeunes des banlieues » restent solidement ancrés, elles ont révélé aussi le manque de volonté politique envers cette catégorie de la population. Gayson l’Ancien, l’un des fondateurs de la Lucarne d’Evry, accepte l’exercice de contrition – « nous ne sommes pas tous des saints » – mais souhaite également de vraies actions pour tendre vers le vivre ensemble. Mathieu Maucort, délégué interministériel à la jeunesse, remercie alors toute l’organisation de la Lucarne : « À chaque que je vois des gens qui font des choses dans les quartiers, vous n’êtes jamais très loin. » Ce à quoi Gayson répondra très justement : « C’est facile d’avoir fait le buzz mais qu’est-ce qu’on en fait derrière… »