Renault-Flins, faire du neuf avec du vieux

La plus vieille usine du groupe Renault ne produira plus de nouvelles voitures d’ici le premier trimestre 2024. Mais ce bassin d’emploi ne pouvait pas fermer ses portes, alors la marque au losange a décidé de le transformer. L’ère de la « Refactory » est arrivée.

Crédits : RENAULT-FLINS

Le site est plus grand que Monaco. Renault-Flins a longtemps été l’un des fleurons de la marque au losange avec la fabrication des voitures « citadines » dont la production annuelle à la fin des années 1990 atteignait 400 000 véhicules. Alors qu’actuellement, ce chiffre correspond au total des ventes de la Renault Zoé – unique véhicule produit dans l’usine flinoise – depuis le début de sa commercialisation en 2012. Mais la voiture électrique tirera sa révérence en mars 2024 et avec elle, la fin complète de l’utilisation des lignes de montage. Place maintenant à l’ère de la « Refactory ».

Basée sur 4 « Re » – Retrofit, Restar, Re-energy et Re-cycle – cette nouvelle stratégie doit permettre à terme la revalorisation de 45 000 véhicules chaque année, toutes marques confondues. Un changement de paradigme pas simple comme l’explique Sophie Schmidtlin, directrice ingénierie avancée : « Il faut basculer vers un système d’économie circulaire alors que cela aurait été plus simple de le faire vers de l’économie linéaire. » 19 étapes de reconditionnement vont être appliquées afin de s’assurer que la voiture toute pomponnée – des pièces mécaniques à la carrosserie – soit viable, et cela en 10 jours, transport inclus. Car à l’instar des sites internet comme Back Market, le « reconditionné » doit même devenir un argument de vente.

Toutefois il ne faut pas voir cela comme des prestations de bon samaritain. Certes Renault travaille avec ses concessionnaires afin d’éviter d’envoyer trop de véhicules à la casse, mais un montant maximal de réparation existe. De plus, 3 niveaux seront proposés au client – start, essentiel et gold – se différenciant principalement sur des retouches esthétiques. Cependant, la direction assure de ne faire aucune marge sur les véhicules du groupe.

Cette nouvelle organisation doit même permettre de gonfler les effectifs de l’usine. Avec 2 100 collaborateurs dont 450 intérimaires, elle vise les 3 000 emplois d’ici 2030. Et les personnes issues des chaînes de montage n’ont pas été invitées à déguerpir puisque des remises à niveau via des formations ont été proposées afin d’assurer un reclassement à hauteur de 100 %. Dorénavant, un opérateur devra connaître trois postes et pour éviter les limites cognitives, les gammes d’assemblages sont montrées à l’écran. Des capteurs s’assurent également que les opérations sont bien réalisées comme le bon couple de serrage, sinon le processus ne peut se poursuivre.

Par ailleurs, la marque au losange n’abandonne pas non plus sa volonté de s’orienter vers les nouveaux carburants. Via Hyvia, société en joint-venture de Renault Group et de Plug Power, l’entreprise présidée par Luca de Meo proposera aux professionnels de « rétrofiter » leur Renault Master roulant au diesel en 100 % hydrogène à partir du ­premier trimestre 2024.