Les Restos du Cœur dans le besoin

Le 3 septembre, sur le plateau d’une grande chaîne nationale, Patrice Douret, le président bénévole des Restos du cœur a tiré la sonnette d’alarme. L’association créée par Coluche souffre d’un déficit de 35 millions d’euros. Un chiffre qui a des conséquences sur les antennes départementales comme l’explique Fabienne Lambert, la responsable de celles des Yvelines.

Une secousse nationale. Quand Patrice Douret prend la parole le soir du 3 septembre sur le plateau d’une grande chaîne nationale, le président bénévole des Restos du Cœur annonce de but en blanc que son association est déficitaire de 35 millions d’euros. Et les causes sont multiples. « C’est dû à l’augmentation des prix des denrées que nous achetons, à celle des coûts logistiques et à la croissance importante du nombre de personnes qui toquent à notre porte » explique avec dépit Fabienne Lambert, responsable de l’antenne départementale des Yvelines. Cette fois-ci, les mots valent plus qu’une image. Au cours de la dernière période, l’association locale a distribué 2,5 millions de repas, soit une hausse de 30 % par rapport à l’année dernière. « Nous sommes sur un triste record. Il y a des semaines où nous donnions 80 000 repas… » soupire-t-elle.

Ce déficit pourrait pousser les Restos du Cœur à diminuer les rations voire refuser des personnes dans le besoin, « un crève-cœur ». Mais il pourrait avoir une autre conséquence désastreuse et pour cela, il faut comprendre le fonctionnement des 112 associations. Si celles-ci se fournissent d’abord grâce aux ramasses, aux dons, aux collectes, « c’est très loin de suffire » ajoute Fabienne Lambert. Alors pour combler ce manque, la maison mère complète. Et le problème est loin de se résorber. « Maintenant les hypermarchés optimisent et proposent des produits à moins 50 % – ce qui est très bien car cela fait moins de gaspillage – mais avant nous récupérions ces produits afin de les donner » détaille la responsable. Cependant, elle ne reproche pas non plus aux clients de se précipiter sur ce type de réduction puisqu’eux aussi sont dans le besoin et comptent leurs sous.

La responsable départementale se montre toutefois ravie de l’élan national. Que les dons proviennent de Bernard Arnault (10 millions), de l’équipe de France (les modalités de ce geste n’ont pas été précisées mais un montant très significatif est évoqué) ou l’État (10 millions prévus + 5 millions de rallonge), elle ne voit que le bon côté des choses : « Sans faire de politique, nous ne pouvons être que content que des personnes participent et nous aident car je pense d’abord aux plus démunis. » Des petits gestes locaux sont également possibles, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises. Par exemple, si les branches départementales amassaient plus, elles demanderaient moins à celle nationale, ce qui ­réduirait le déficit national.

Toutefois, il n’y a pas que la pénurie qui est alimentaire, les Restos du Cœur manquent également de main d’œuvre. « Nous recherchons des bénévoles pour Magnanville, les Mureaux » détaille Fabienne Lambert. En effet, l’association créée par Coluche cherche à sortir les personnes de la précarité via des cours de français, de recherche d’emploi…

Les 35 millions de déficit risquent donc de faire disparaître un dispositif d’utilité publique, même si Fabienne Lambert aimerait voir son activité décroître. « Mon rêve, c’est de disparaître parce qu’il n’y a plus de ­personnes démunies et non autre chose. »