Guilaine Dodane veut bâtir le « théâtre du XXIème siècle »

La nouvelle directrice du théâtre de Poissy, qui succède au regretté Marc Pfeiffer, est prête à apporter sa vision faite de musique classique, d’arts vivants et de programmes pour les jeunes.

Comment se passe votre intégration au sein du théâtre de Poissy ?
J’ai été très bien accueillie par l’équipe du théâtre, qui est particulièrement engagée et soudée. Les derniers mois l’ont prouvé. J’ai également été très bien accueillie par la Ville. Ça facilite aussi l’embarquement dans le projet. En tout cas, avant de mettre en place le projet culturel que je veux proposer, ma priorité est d’abord d’écouter. C’est un temps qui passe toujours vite, le temps de l’écoute. Pourtant, c’est un temps indispensable. J’attends aussi beaucoup du début de la saison, de la rencontre avec les publics et avec les structures de territoire pour comprendre ce qui fait la spécificité de ce théâtre. Car je ne veux pas arriver avec un projet que je plaquerai à Poissy comme je pourrais le plaquer ailleurs. Il faut un projet adapté, et élaboré en concertation avec les équipes et acteurs du ­territoire.

Qu’est-ce qui vous a convaincue de postuler à ce poste ?
Poissy est une ville d’avenir, qui se développe extrêmement vite. C’est aussi une ville monde, la diversité fait sa richesse. L’enjeu est de faire en sorte que ces populations cohabitent et se rencontrent. Et pour ça, je crois beaucoup dans les lieux comme les théâtres. C’est peut être ça, le théâtre du XXIème siècle aujourd’hui : un lieu de rencontre et de vie. Sa particularité est aussi celle d’être un théâtre financé par la Ville, et d’être dans une forme de symbiose avec l’hôtel de ville, en tout cas fusionné sur le plan architectural. Je pense que ça en fait vraiment à la fois le cœur de ville et le cœur des habitants, il y a cet attachement qui est fort. L’idée est de capitaliser sur ça.

Vous avez pris vos fonctions peu de temps avant l’annonce de la nouvelle saison culturelle…
En fait, la saison était entièrement bouclée, je n’avais pas de marge de manœuvre pour faire des propositions. Donc j’avance sur le projet de la saison 2024/2025. Mais je suis contente d’avoir un temps pour voir le théâtre en activité, rencontrer le public et voir comment fonctionnent les différentes propositions artistiques, pour voir comment bien positionner le ­projet artistique de 2024.

Justement, avez-vous déjà une idée de ce que vous allez proposer ?
Il y a un ADN musique classique très fort au sein du théâtre, avec un public fidèle. L’idée est de garder cette couleur dominante, sans qu’elle soit exclusive. Je pense essentiel de garder une ambition d’éclectisme et de pluridisciplinarité, avec toujours cette ambition de faire la part belle aux arts vivants, et à terme de mettre plus en lumière la création, qui doit retrouver une place importante. L’autre enjeu est de faire monter en puissance la programmation jeune public qui est de nouveau mise à l’honneur cette saison. Je pense que le théâtre doit aussi préparer l’avenir, et il me semble essentiel qu’il puisse inviter les jeunes générations, notamment dans le cadre scolaire, et en travaillant des formes innovantes et immersives, qui permettent de découvrir le théâtre et de ­dépoussiérer les formes.

Y a-t-il une date à ne pas rater en ce début de saison ?
Du 17 au 19 novembre, nous accueillons la première édition de L’Envol Musical, un festival qui fait la part belle au piano. C’est une vraie chance de pouvoir accueillir un festival avec cette ambition, et des artistes incontournables du paysage musical en France et à l’étranger comme David Fray. Il y a à la fois une ambition d’excellence, et en même temps des jeunes talents avec une vraie attention portée à l’émergence mais aussi à l’accessibilité, avec des actions pour les scolaires, des séances d’improvisation, des masterclass pour les élèves du conservatoire… c’est ­extrêmement riche !