Place Saint-Maclou : massacre à la tronçonneuse

Le 4 septembre dernier, une vingtaine d’arbres sont passés de vie à trépas, abattus par des élagueurs à la demande de la ville. Ces savonniers sont les premières victimes d’un réaménagement de l’endroit. Mais pas les seules.

Alors que partout, la présence d’arbres en milieu urbain est plébiscitée, la mairie de Mantes-la-Jolie a décidé de supprimer une vingtaine d’arbres qui contribuaient au charme de la place Saint-Maclou et au-delà, à ­l’ensemble du centre-ville.

Ce massacre digne d’un autre temps a été estimé indispensable dans le cadre d’un réaménagement de la place qui porte le nom du premier évêque de Saint-Malo, un saint homme qui se retourne aujourd’hui dans sa tombe.

Pendant tout l’été, les médias ont publié des visuels explicites pour démontrer que la présence d’arbres contribue très efficacement à réduire la température en ville grâce notamment à l’ombre qu’ils génèrent, voilà que la municipalité n’a pas tenu compte une seule seconde de ces conclusions et a continué son projet sans varier d’un ­millimètre.

Résultat de l’opération, à cet endroit de la ville, la verdure laissera place au béton même si, la main sur le cœur, on nous promet que ces arbres seront remplacés et que le nombre sera même doublé. Comme les promesses n’engagent que ceux qui y croient, les riverains ont tout lieu d’être furieux.

Dans le secteur, c’est évidemment la consternation pour deux bonnes raisons.

Des raisons écologiques car il est aujourd’hui totalement surréaliste de supprimer des arbres vieux de 25 ans et de prétendre qu’on va en replanter le double. Sur ce thème, Joseph, retraité, qui fait son petit tour de ville chaque matin n’en revient toujours pas : « Comment on peut avoir une idée aussi saugrenue ? Elle était pas mal cette place, c’était la seule à avoir des arbres, à ressembler à quelque chose, à nous faire un peu oublier qu’on habite en banlieue. La verdure c’est la vie ».

La grogne est aussi de mise chez les commerçants. Jacques, (son prénom a été volontairement changé à sa demande), ne décolère pas : « On s’est tapé le Covid, on tente de se refaire la cerise tant bien que mal et boum, voilà qu’ils nous font des travaux sur la place. On s’est tapé les tronçonneuses, maintenant ça va être des engins de chantier car il faut bien que les ouvriers bossent. C’est sûr que les palissades, ça va pas faire venir les clients ».

Une pétition a bien circulé pour tenter d’infléchir la décision municipale de lancer les travaux. En vain. Aujourd’hui, ce sont les fouilles archéologiques qui laissent un mince espoir aux défenseurs des lieux, à commencer par Yohann, jeune locataire d’une rue voisine : « Le plus grave est fait. Les arbres sont par terre. Mais je rigolerais si les fouilles archéologiques révélaient que l’endroit recèle des vestiges intéressants. Un ancien mantais qui avait l’air de connaître le coin m’a dit que dans ce secteur, c’est fort possible. Il ne manquerait plus que ça. Les palissades ne seraient pas près d’être ­enlevées ».