Inéligibilité requise contre Laurent Brosse pour des faits de harcèlement moral et sexuel

Laurent Brosse – le maire de Conflans-Sainte-Honorine – est accusé de harcèlement moral et sexuel par son ex-compagne. L’audience a eu lieu le 15 septembre et la procureure de la République a requis contre l’édile huit mois de prison avec deux ans de sursis probatoire et une inéligibilité de cinq ans.

Pendant 1 an et demi, Laurent Brosse a entretenu une relation tumultueuse avec une Conflanaise. Plusieurs fois, ils rompent avant de se remettre ensemble. Toutefois en avril 2022, la véritable fin survient et l’édile yvelinois ne le voit pas de cet œil : il exige des explications. Pour les obtenir, il lui envoie des messages – trop – tant et si bien que la victime décide de le bloquer sur tous les réseaux sociaux possibles et inimaginables. Il commence à la suivre, débarque à l’improviste plusieurs fois comme le 13 avril. Alors qu’elle est dans un bar avec des amis, il s’approche de son ex et en aurait profité pour lui passer la main autour de la taille. Puis, pour lui sommer de partir avec lui, aurait planté ses ongles dans la hanche. En mai, durant les élections présidentielles, alors qu’il tient un bureau de vote, le maire en profite pour glisser un « mot doux » dans le passeport de son ancienne amante lorsqu’elle se présente à son devoir de citoyenne. Signé « JC » pour jolie cœur.

Le 23 juin, l’avocat de profession en fusion/acquisition se retrouve sous le balcon de la victime et aperçoit une autre silhouette masculine. Il vocifère « qui c’est ? c’est ton nouvel amoureux ? Qu’est-ce que tu fais avec lui ? » Les deux hommes discuteront sur le trottoir. La jeune femme a peur, souhaite que tout cela s’arrête et menace de déposer une main courante ainsi que de prévenir des membres de l’opposition municipale. Le lendemain, Laurent Brosse la croise sur un parking sous une pluie battante, va à sa rencontre et pénètre même dans son véhicule. Il tente alors de l’embrasser, ce que la Conflanaise esquive en détournant la tête. Le Maire finit par retourner dans sa voiture mais il la poursuit sur la N184. La Conflanaise finit par prendre son courage à deux mains et porte plainte le 28 juin au commissariat de Cergy-Pontoise afin d’éviter toute collusion entre la police municipale et son édile. Une crainte avérée puisque Laurent Brosse écrira bien à la commissaire du commissariat de Conflans-Sainte-Honorine. « Juste pour l’avertir de mes futures poursuites » se défend-t-il.

« J’avais peur qu’il surgisse à n’importe quel moment »

Ces événements – et la relation dans sa globalité – laissent des traces auprès de la jeune femme. « Je commence à aller mieux même si l’affaire me remet dans le même état qu’il y a un an » déclare-t-elle à la barre d’une voix pleine de trémolos, « j’avais peur qu’il surgisse à n’importe quel moment ». Le même état signifie crises d’angoisse, le sommeil troublé. Depuis elle est toujours suivie psychologiquement et sa psychologue préconise des séances – au nombre de 66 – jusqu’en 2025. Du côté de Laurent Brosse, son avocate, Cloé Fonteix plaide « l’anatomie d’une rupture, d’un coup de foudre entre deux personnes qui n‘allaient pas ensemble. » Le maire de Conflans-Sainte-Honorine se justifie également avoir été dans un état de profonde détresse, il était alors en procédure de divorce car il avait quitté son épouse pour la victime. La procureure comme le juge lui ont pointé ses contradictions : « Qu’est-ce qui vous laissait penser qu’elle accepterait votre baiser ? En tant qu’avocat vous saviez ce qu’est le harcèlement moral ? »

Dans ses réquisitions, la procureure de la République requiert pour le harcèlement moral et sexuel, une peine de huit mois d’emprisonnement avec deux ans de sursis probatoire et une inéligibilité de cinq ans ont été requis. Le jugement a été mis en délibéré au 20 octobre.