Suicide de Nicolas : le courrier du rectorat qui passe (très) mal

Les parents du jeune Pisciacais, qui a mis fin à ses jours le 5 septembre, se sont dits « outrés et effarés » par le courrier du rectorat de Versailles, évoquant des risques pénaux d’une dénonciation inexacte de harcèlement à l’encontre de leur fils.

« On était victimes, on est devenus coupables ». C’est non sans émotion, et avec une certaine amertume, que les parents de Nicolas sont revenus sur le courrier reçu de la part du rectorat de Versailles, en mai dernier. Celui-ci répondait à une alerte des parents adressée au lycée Adrienne Bolland de Poissy, où leur fils était scolarisé, et harcelé depuis deux mois par deux camarades. « Il est incompréhensible que vous ­puissiez laisser un adolescent subir une telle violence verbale et psychologique dans votre établissement sans réagir d’une quelque manière, aussi allons-nous déposer plainte et vous considérer comme responsable si une catastrophe devait arriver à notre fils », ont-ils prévenus à l’époque.

Quelques mois plus tard, Nicolas mettait fin à ses jours, à son domicile pisciacais. Pourtant, le rectorat de Versailles n’avait pas jugé bon, au moment des faits, d’entendre les inquiétudes de ses parents. Pire, il leur reprochait leur réaction. « Vous avez remis en cause les fonctions et menacé de dépôt de plainte le personnel de direction du lycée professionnel […] Vous avez reproché à ce dernier sa passivité face à un supposé harcèlement subi par votre enfant » pouvait-on lire dans le courrier, rappelant également que les dénonciations calomnieuses étaient passibles de cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

« Nous étions outrés, déclarait la mère de Nicolas dans le Journal du Dimanche du 17 septembre. Nous passions désormais pour des coupables. C’en était trop. À partir de ce moment, Nicolas n’a plus été le même. C’était tellement grossier et surtout injuste ». La Première Ministre Élisabeth Borne a elle-même qualifié de « choquant » le ton de la missive, tandis que le ministre de l’éducation Gabriel Attal a également réagi samedi : « J’ai fait de la lutte contre le harcèlement scolaire une priorité absolue depuis ma nomination cet été, a-t-il déclaré. Je veux 100 % de prévention, 100 % de détection, 100 % de réaction ». Un audit dans l’ensemble des rectorats a également été ­annoncé par le ministre.