Interview de Raphaël Cognet : un bel exemple de langue de bois

La semaine dernière, le maire a donné une interview à l’hebdomadaire local vendu chaque semaine à 4 000 exemplaires. Les questions se voulaient insidieuses, les réponses ont été insipides. Un bel exercice de langue de bois où il est pourtant question d’abattage d’arbres.

Si ses propos ne concernaient pas le quotidien et l’avenir d’une sous-préfecture et de ses 45 000 habitants, les propos du maire de Mantes-la-Jolie prêteraient presque à sourire. Hélas, dans le flot des propos recueillis par nos confrères, il est difficile de retenir des engagements fermes, des projets précis et chiffrés. On ne peut que constater une suite ininterrompue d’imprécisions et généralités qui n’engagent en rien son auteur.

Quelques exemples pour bien ­mesurer l’inconstance des réponses.

Sur l’éviction de son adjoint Michaël Bordg, il évoque « des résultats insuffisants » pour justifier le départ de cet élu qui on le sait car l’intéressé l’a expliqué sur tous les tons ce n’est pas de ça qu’il s’agit mais bel et bien d’un véritable contrôle stalinien de son vote pour la désignation des grands électeurs aux sénatoriales de dimanche ­prochain.

« Je vais aussi discuter avec les deux conseillères municipales » annonce dans le même entretien Raphaël Cognet. Le tort des deux élues : avoir voté différemment que la majorité en leur âme et conscience, toujours à propos des sénatoriales. Une majorité qui, il faut s’en souvenir, a préféré apporter ses voix aux mélenchonistes représentés par le Printemps Mantais plutôt que de laisser la liste Mantes Unie pour l’Avenir faire le plein de ses grands électeurs, elle dont les suffrages iront, on peut difficilement en douter, à l’actuel président du Sénat Gérard Larcher. On ne doute pas qu’avec cet épisode assez peu reluisant, Raphaël Cognet s’est fait un ami en la personne du deuxième personnage de l’État.

Edwige Hervieux
Pour faire bonne mesure, le maire vole au secours de sa première adjointe, justifiant les critiques qu’elle endure du fait qu’elle est une femme et les tags dont elle est victime qui sont « des méthodes de voyous ». Et si c’était beaucoup plus compliqué que ça ?

Abattage des arbres
Sur l’abattage des arbres, c’est grâce au travail de la municipalité que la place Saint-Maclou « va devenir écologique ». Mais visiblement il faudra faire preuve de patience car dit le maire : « On espère que ça sera terminé dans deux ans ». Les commerçants voisins, s’ils n’ont pas fermé boutique d’ici là, et les riverains apprécieront…

Commerce
« Notre stratégie est donc offensive et reste la même en centre-ville ». Non, non, ce n’est pas d’une éventuelle lutte contre la délinquance dont Raphaël Cognet parle mais d’une redynamisation du centre-ville. À croire que le premier magistrat de Mantes-la-Jolie n’est pas au fait de ce qu’il se passe dans sa ville ou qu’il est, sur ce sujet-là comme sur d’autres, dans un déni total, n’ayant pas remarqué les ­fermetures qui se multiplient.

Hôtel 3 étoiles
Le maire évoque un hôtel trois étoiles dans l’ancienne résidence du sous-préfet située en centre-ville : « On continue les discussions avec un groupe hôtelier, le fil n’est pas rompu ». Mais il place l’échéance. Ceux qui y voient un rapprochement calendaire avec la fin de son mandat sont évidemment des personnes mal intentionnées…

À la lecture de ces lignes qui résument deux pleines pages de l’hebdomadaire ami du maire, vous l’aurez compris et vous pouvez même le chantonner sur l’air de Dalida, tout ça n’est que « Paroles, paroles et paroles ».