« C’est l’occasion de partager la future vision de la ville et des QPV (Quartiers Prioritaires de la Ville, Ndlr) de demain, que nous devons accompagner durablement » clame Catherine Arenou dans le discours d’introduction du colloque dédié à la transformation des quartiers prioritaires. Pour la maire chantelouvaise, ces quartiers ne doivent plus être subis « avec l’envie seule d’avoir un toit sur la tête » mais avec celle de créer un environnement où chacun peut trouver sa place. Depuis 2015 le Département s’engage dans cette transformation avec le dispositif Prior Yvelines qui vient d’être prolongé jusqu’en décembre 2027. 27 quartiers éligibles et 9 nouveaux identifiés comme potentiellement fragiles sont concernés par ce programme disposant d’une enveloppe de 100 millions d’euros.
Tout d’abord, le QPV nouveau se doit d’être construit dans une ville inclusive, c’est-à-dire, « une ville pour tous, où nous pouvons vivre tous ensemble et y avoir accès » théorise Sybil Cosnard, autrice du « Livre blanc en faveur d’une ville pour tous ». À cause d’une conception trop homogène due à un « mono-profil ingénieur où le diagnostic humain manquait cruellement dans les cahiers des charges », l’espace public a été mal conçu. Prenons le cas du Val-Fourré où Jeanne Ly, designeuse d’espaces et coordinatrice cultures chez Approches.s, a réalisé un diagnostic genré de la dalle. Résultat, si c’est un lieu de sociabilité pour les hommes – notamment avec la présence de nombreux cafés – les femmes, elles, n’y viennent que pour acheter leurs courses. Avec un groupe de mamans elles ont donc imaginé des solutions comme l’ajout d’un salon de thé ainsi que des nouvelles animations coconçues. Toutefois Jeanne Ly avertit : « Cela ne vaut pas que pour les QPV. »
Une ville pour tous, tous pour une ville
Il faudra également intervenir sur l’accessibilité des établissements pour les personnes en situation de handicap ainsi que le public sénior. Selon Mohammed Malky, responsable pole habitat adapté et inclusif de l’agence Autonomy, « l’ensemble des volets – logement, urbanisme, sécurité et santé – doit être étudié et surtout trouver des opérateurs de service pour ces publics alors que peu de jeunes sont attirés par ces métiers. ».
Par ailleurs, que faire lorsque les quartiers prioritaires seront en travaux ? C’est là qu’intervient l’urbanisme temporaire, c’est-à-dire l’exploitation d’espaces vacants – ou qui vont l’être – durant un laps de temps donné. Les exemples sont déjà légion comme à Bondy où un une barre d’immeuble dont la destruction est programmée est pour le moment un espace de coworking. « Cela permet de faire vivre le quartier, de dynamiser la co-construction et ne pas attendre 10 ans les nouvelles constructions pour retrouver la fierté du quartier. » explique Caroline Duplan, cheffe du service culture au Département. « Un critère de finitude doit être établi et voir comment le projet s’intègre dans les temps à venir » ajoute Catherine Arenou.
Enfin – et surtout – la pédagogie doit jouer un rôle essentiel. « L’éducation Nationale doit être au cœur du débat public et il faut rassembler les experts et les profanes » rappelle le sociologue Grégory Combes. C’est ce que sont sensées faire les cités éducatives comme celle Simone Veil. Elle ne sera pas programmée seulement pour dispenser des cours aux enfants et doit également servir de médiathèque, de maison des familles. Si une phrase devait résumer ce colloque, ce serait celle-ci : le QPV de demain ne pourra être réussi que si tous les acteurs concernés participent à sa construction.