Au conservatoire, le chœur n’est pas à l’unisson

La Mairie, les élèves, et les agents du conservatoire de Limay sont vent debout suite aux accusations d’une professeure, qui se dit victime de harcèlement moral de la part du directeur de l’établissement.

Une véritable levée de bouclier. Suite à un article paru dans la presse locale – relayant l’ordonnance du tribunal administratif de protéger une professeure du conservatoire de Limay se disant victime de harcèlement moral de la part du directeur – élèves et professeurs défendent en bloc le responsable de l’établissement. « Depuis toutes ces années, nous avons toujours été soutenues par le directeur qui, au contraire ne rabaisse pas les professeurs, mais les met toujours en avant lors des concerts », soulignent 5 élèves de la maîtrise du ­conservatoire.

À ce témoignage s’ajoute celui de 23 des 28 agents du conservatoire (1 ne se prononce pas, 4 n’ont pas répondu). L’équipe enseignante se dit « choquée » des accusations proférées à l’encontre du directeur de l’établissement, et assure qu’il a « toujours instauré un climat de bienveillance, d’écoute et de confiance », tout en soulignant la « qualité exceptionnelle » de son engagement et de ­l’enseignement au sein du conservatoire.

L’avocate de la professeure concernée, Maître Aline Simard, juge de son côté que « les élèves et les professeurs font fausse route ». « Le harcèlement moral peut se manifester avec une personne, mais pas du tout avec d’autres, rappelle-t-elle. Je trouve scandaleux qu’ils soient à 100 contre 1. Le directeur est peut-être très compétent, mais on attaque son management, pas son professionnalisme. Il peut être très agréable et souriant avec certains, mais pas avec d’autres ».

Voilà des années que l’avocate « essaye d’alerter » sur la situation, avec en sa possession « des témoignages assez clairs, dont une femme qui a du être hospitalisée ». Le 13 septembre dernier, le tribunal administratif de Versailles, saisi en référé, a rendu une ordonnance obligeant la mairie à mettre en œuvre tous les moyens humains et matériels afin de permettre à la professeure, en poste depuis 1998, d’exercer ses fonctions correspondant à son cadre d’emploi, et de mettre en place une organisation permettant à la requérante de ne plus se trouver sous l’autorité de son supérieur. « Une décision du juge des référés en terme de harcèlement moral, c’est extrêmement rare, rapporte Maître Simard. Il faut donc un dossier solide. Si c’est allé jusque là, c’est parce que la commune est restée inerte pendant des mois ».

Le maire de Limay Djamel Nedjar, qui affirme son soutien au directeur du conservatoire, souligne qu’« à aucun moment la récente décision de justice n’indique que le directeur du conservatoire est auteur de harcèlement », et que « les mesures conservatoires qui sont aujourd’hui demandées par la justice administrative, à savoir pas de lien hiérarchique direct entre cette professeure et son directeur, avaient déjà été décidées par la Direction générale des services pour apaiser la situation ». La municipalité ajoute qu’elle « n’a pas pu être représentée en temps et en heure lors de cette audience en référé », un choix « délibéré » selon l’avocate.

Une enquête administrative a été menée par un organisme indépendant « dès que le maire a eu connaissance du litige », précise la Ville. Maître Aline Simard souligne, elle, que les conclusions de cette enquête n’ont pu « ni confirmer, ni infirmer » l’existence du harcèlement moral présumé.

La professeure, en arrêt maladie depuis le mois de mars, n’avait pas porté plainte dans un premier temps : elle a finalement franchi le pas ces dernières semaines.