Immersion au sein du site de production d’eau potable du Pecq-Croissy

À l’occasion des Journées européennes du patrimoine, SUEZ a ouvert les portes de son site de production d’eau potable du Pecq-Croissy. La Gazette a pu le découvrir en compagnie du directeur de l’usine.

Crédits : Suez

Ressource indispensable à la vie, l’eau est très précieuse. L’eau du robinet est d’ailleurs l’aliment le plus contrôlé en France. « Elle fait l’objet d’un suivi sanitaire permanent, destiné à en garantir la sécurité sanitaire, depuis le captage dans le milieu naturel, jusqu’au robinet du consommateur », indique le ministère de la Santé et de la Prévention.

SUEZ, entreprise leader spécialisée dans la production, la distribution d’eau et les services d’assainissement, a ouvert les portes de son usine de production d’eau potable du Pecq-Croissy, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine des 16 et 17 septembre derniers.

La Gazette a pu visiter le site en compagnie de Karl Glucina, directeur des usines et services chez SUEZ, qui a commencé sa carrière en tant que stagiaire à la Lyonnaise des eaux (ancien nom de SUEZ, Ndlr) en 1992. Il a gravi les échelons petit à petit pour devenir directeur du site depuis 2018, après avoir notamment travaillé durant deux ans à Macao en tant qu’ingénieur, puis au CIRSEE, Centre international de recherche sur l’eau et l’environnement. Cet expert dans le domaine nous explique les particularités de cette usine de production d’eau potable, qui emploie 130 collaborateurs, dont une dizaine affectés à la partie production d’eau potable, pour alimenter en eau adoucie une partie des 1 500 000 personnes dans le nord des Yvelines et des Hauts-de-Seine.

Le site comporte quatre usines, complètement indépendantes, de traitement d’eau potable à partir de forages. Il s’étend sur près de 50 hectares, dont 12 consacrés à la réalimentation de la nappe phréatique, et a la particularité d’être très ancien car les premiers ouvrages ont été créés par l’entrepreneur qui a également créé la commune du Vesinet, Alphonse Pallu, un industriel français du XIXe siècle. Vestige de son empreinte, une devise en latin est inscrite sur l’un des plus anciens bâtiments du site, classé aux bâtiments de France, sur lequel on peut lire : labor omnia vincit improbus, autrement dit « la réussite est le fruit d’un labeur acharné », le leitmotiv qui a guidé la vie d’Alphonse Pallu.

« Les premiers ouvrages étaient très rudimentaires. Il s’agissait de l’eau de Seine qui était directement pompée et envoyée dans le réseau pour l’alimentation des foyers. Ensuite, ils sont passés, à l’époque, à l’exploitation de l’eau souterraine. Et puis SUEZ a fait l’acquisition de ces premiers ouvrages là, dans les années 1920, car à cette époque les sociétés privées commençaient à s’introduire sur le marché aussi bien de l’énergie que de l’eau », rappelle Karl Glucina.

Depuis 1930, l’entreprise a fait du chemin et SUEZ a mis en service la dernière usine du Pecq en 2019. Une usine moderne qui cohabite donc avec des bâtiments beaucoup plus anciens, ce qui participe au charme du site qui se révèle être un écrin de verdure installé au milieu de la ville. Un véritable privilège.
L’usine a une capacité de production d’eau potable de 160 000 m³ par jour. « Le site a même une capacité de surproduction. Nous n’utilisons jamais la totalité. Un système d’alimentation d’eau potable est dimensionné pour en moyenne 65 % des besoins, car si une défaillance se produit sur une autre infrastructure de production du territoire, il faut absolument pouvoir approvisionner la population en eau potable », explique le directeur.

SUEZ a plusieurs grands clients sur le territoire ouest. La communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise ; le SIAEP, Syndicat intercommunal d’adduction d’eau potable de la région de Feucherolles ; la communauté d’agglomération Saint Germain Boucles de Seine dont fait partie l’usine ; ainsi que deux grands clients syndicats AQUAVESC et Sénéo. Le site compte un peu plus de 30 forages répartis sur l’ensemble des 50 hectares, ce qui en fait la vraie particularité de cette usine de production.

La production d’eau potable se fait ici en plusieurs étapes. D’abord, il y a la réalimentation de la nappe phréatique par une technique innovante mise en œuvre par SUEZ qui permet de maintenir un niveau optimal d’eau dans la nappe et d’en améliorer la qualité. Sur le site du Pecq-Croissy, l’usine de réalimentation capte l’eau de la Seine pour réalimenter la nappe phréatique, par l’intermédiaire de 10 bassins. Cette eau est décantée et filtrée ce qui élimine les particules en suspension. Elle est ensuite envoyée vers les bassins d’infiltration où elle pénètre lentement dans le sol jusqu’à rejoindre la nappe souterraine, à 17 mètres de profondeur.

Les visiteurs sont venus nombreux pour découvrir l’usine de production d’eau potable de SUEZ à l’occasion des Journées européennes du patrimoine,
des 16 et 17 septembre derniers. Crédits : Suez

Concernant la réalimentation, l’eau est directement pompée dans la Seine (une procédure autorisée par un arrêté préfectoral datant des années 1980), dont un des bras passe juste en face de l’usine. L’eau ainsi pompée va passer par une première étape qui se charge d’éliminer les flottants (branchages, bouteilles, déchets…) qui transitent sur la Seine. Des contrôles et des mesures de la qualité de l’eau sont opérés en continu, à chaque étape du traitement de l’eau. Cela permet de prévenir d’éventuelles anomalies pour pouvoir arrêter immédiatement le pompage et ainsi éviter de polluer la nappe phréatique, le cas échéant. « Sur le site du Pecq-Croissy, nous faisons plus de 300 000 analyses par an en interne, et avec les contrôles effectués par l’ARS (Agence régionale de la santé, Ndlr), c’est colossal », indique Karl Glucina.

L’eau va ensuite être acheminée jusqu’à une station de pompage pour être traitée par un procédé appelé la clarification. Cette clarification passe d’abord par la décantation, processus durant lequel des produits de traitement (chlorure ferrique et charbon actif en poudre) séparent les matières en suspension dans l’eau. Ensuite, l’étape de la filtration. L’eau passe à travers différents filtres à charbon actif en grains qui vont permettre d’éliminer les composés par absorption, ce qui améliore la qualité de l’eau. Une fois que l’eau de la Seine a été traitée sur la filière de réalimentation, elle va pouvoir être stockée dans les différents bassins. L’eau prélevée dans la Seine est donc, grâce à ces différents processus, de qualité similaire à l’eau qui se trouve dans la nappe phréatique.

Après cette réalimentation de la nappe phréatique, vient l’étape de l’adoucissement partiel, autrement appelée décarbonatation, une fois l’eau pompée par les différents forages du site. Là, des billes de carbonate de calcium enlèvent l’excédent de calcaire. « Ces billes sont recyclées par une entreprise tierce et sont valorisées en remblai pour la voirie ou pour le comblement d’anciennes carrières de la région parisienne », précise SUEZ. Ensuite, c’est au tour du traitement par ozonation et charbon actif en grains. Enfin, viennent, dans l’ordre, la chloration puis la distribution.

Ce cheminement relativement court de l’eau, grâce à la technique du forage, permet de limiter les risques et les contaminations. Il réduit également drastiquement la quantité de produits utilisés pour le traitement de l’eau.
En ce qui concerne la différence entre l’eau ainsi produite, qui finit son cheminement dans nos robinets, et l’eau embouteillée, Karl Glucina l’affirme : « C’est principalement une histoire de goût. D’un point de vue santé, il n’y a aucune différence entre l’eau que nous produisons et l’eau en bouteille que l’on trouve dans le commerce. »

Dans l’enceinte du site est installé un bâtiment administratif qui accueille également un centre de supervision. « Ici, on fonctionne sur le format du trois-huit. C’est-à-dire que trois équipes se relaient jour et nuit par tranche de huit heures, 24 h sur 24 et 7 jours sur 7, pour surveiller l’ensemble des infrastructures, aussi bien de production que de distribution et d’assainissement », poursuit le directeur.

Pour ce faire, SUEZ utilise un outil intelligent baptisé Aquadvanced Energie, qui va piloter les différentes usines pour satisfaire les besoins du réseau qui sont variables dans la journée, notamment lors des deux pics de consommation quotidiens le matin et le soir.

Enfin, enjeu majeur des prochaines décennies, le site est labellisé écojardin depuis 2017 et est classé en Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). SUEZ collabore avec la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) en créant par exemple des aménagements ornithologiques (nichoirs, tas de bois, îlots, gestion différenciée) pour la centaine d’espèces répertoriées sur le site ou en régulant les espèces envahissantes de la faune et de la flore.

Pour faire découvrir ses activités somme toute très intéressantes, SUEZ organise régulièrement des activités à destination du grand public mais également des écoliers. « Tous les mercredis, nous avons une animation avec des écoles du secteur, du mois d’avril au mois d’octobre », conclut Karl Glucina. Retrouvez plus d’informations sur le site internet de l’entreprise www.suez.fr. n