Octobre Rose : la responsabilité de chacun

Le mois d’octobre marque le début de la campagne de prévention du cancer du sein. S’il est essentiellement féminin et se déclare souvent après 50 ans, il reste l’affaire de tous. La sensibilisation doit continuer auprès des plus jeunes et du public masculin.

Depuis plusieurs années, le mois d’octobre se pare de rose. Pas pour une question d’esthétisme mais pour sensibiliser la population au cancer du sein. En France, il représente 33 % des cancers féminins, et avec environ 61 000 nouveaux cas en 2023 et plus de 900 000 personnes atteintes en France, il est le plus répandu ainsi que le plus fréquent. Si 80 % des cancers du sein se développent après 50 ans et que l’âge médian du diagnostic est de 64 ans, ses chances de survie le place à la quatrième place des meilleurs pronostics. Toutefois, pour que ces chiffres restent aussi bons – voire s’améliorent – la prévention doit rester forte. Dans le Mantois, l’association la Note Rose s’occupe de cela. Patricia Bourit, la présidente de cette association, note une véritable prise de conscience depuis plusieurs années : « De plus en plus de gens se sentent concernés. Auparavant, nous n’intervenions pas autant au sein des lycées avec le buste Rosy. »

Rosy, c’est le buste d’autopalpation fabriqué grâce au concours du docteur Joseph Bakar et offert par le rotary club d’Aubergenville. « À l’époque, avec Pascale Watrin (l’ancienne présidente et fondatrice, Ndlr), il n’y avait que la Ligue contre le cancer et les laboratoires Fabre qui en disposaient d’un » raconte Patricia « or nous en avions besoin lors de nos interventions. » L’autopalpation est importante pour la population dite frontière, c’est-à-dire les plus jeunes, avant le dépistage organisé entre 50 et 74 ans. « C’est crucial d’avoir les bons gestes car le sein est plus dense entre 20 et 30 ans et la mammographie ne nous permet pas de tout voir » détaille Joseph Bakar, chef du service gynécologie obstétrique de l’hôpital de Mantes-la-Jolie. Toutefois le médecin avertit. L’autopalpation n’est qu’une arme dans l’arsenal disponible : « 10 % des femmes en France qui contractent un cancer du sein n’ont jamais été dépistées par mammographie. C’est extrêmement grave. Il faut impérativement être suivi par un professionnel de santé. »

Une mère, une tante, une sœur…

Ce qui rassure Patricia Bourit, c’est de voir que dans les lycéens, tous s’y intéressent. « Nous avons eu une fille tellement impliquée qu’elle en a fait un malaise à la fin de la journée » raconte-t-elle. Et aussi les garçons. « C’est important puisqu’ils ont tous une mère, une tante ou une sœur » ajoute le Docteur Bakar, « ils sont un élément important dans la transmission du message de prévention. » Il constate également que de plus en plus de conjoints sont présents lors de l’annonce du cancer. Même son de cloche au sein de la Note Rose : « Dans l’ensemble, ils viennent sur les spectacles et participent à la marche rose. Il y a tout de même quelques cas de divorce mais ce n’est pas ce qui ressort dans les témoignages auprès de notre association. » De plus, beaucoup d’hommes découvrent le cancer du sein de leur partenaire. « Forcément ce sont eux qui connaissent mieux leurs poitrines » souligne Patricia. En revanche, là où le bât blesse, c’est dans le monde du travail.

Le docteur Joseph Bakar, chef de service Maternité et Gynécologie à l’hôpital de Mantes-la-Jolie, contribue beaucoup à la prévention du cancer du sein. Crédits : La Note rose

Lorsque la présidente de la Note Rose a contracté son cancer du sein en 2016, elle a senti du soutien auprès de son manager. Toutefois, lorsqu’elle est revenue travailler après sa rémission, son entreprise l’a déconsidérée : « La maladie fait peur. Ils ont craint que je dépose des arrêts maladies tous les quatre matins alors que les seules fois où je l’ai fait, c’était pour des contrôles ou des interventions chirurgicales. » Un constat qu’elle a pu également faire auprès d’autres membres de l’association lors d’un dîner en 2019. « Sur une dizaine de femmes, seulement 2 racontaient que tout se passait comme avant. Ils se disent que nous n’avons plus la même capacité de tirer sur la corde. Certes un cancer cela diminue, mais de là à nous mettre dans un placard » narre-t-elle. Selon la présidente de la Note Rose, l’État devrait légiférer sur cette période de reprise : « Nous faisons appel à l’association à Force of EnVies car nous avons des femmes qui ont parfois changé de voie et ont besoin d’être reboostées. »

Le Mantois bien équipé

La Vallée de Seine peut s’enorgueillir d’avoir un établissement de santé à la pointe pour le cancer du sein. « Nous avons le même protocole qu’à l’institut Curie » précise Joseph Bakar. Un élément important puisqu’aller sur Paris peut s’avérer être un véritable parcours du combattant. « Cela m’arrangeait bien de ne pas faire la route » ajoute Patricia Bourit. Par ailleurs, l’agrément dont dispose l’hôpital François Quesnay porte sur toutes les facettes du traitement du cancer du sein. « Nous traitons entre 160 et 170 nouveaux cas par an, nous sommes formés sur l’oncoplastie pour que notre chirurgie ne soit pas délabrante et nous adaptons le traitement médical suivant le type de cancer » précise le médecin. Si notre territoire est donc bien maillé, c’est donc un écueil qui peut exister dans les milieux ruraux où les spécialistes ne sont pas forcément présents en masse.

Le buste Rosy permet d’apprendre les rudiments de l’autopalpation au public jeune. Crédits : La Note rose

Enfin, il ne faut pas oublier que cette maladie peut se déclarer chez un homme. Car même s’il représente qu’1 % des cas par an, il est souvent un peu plus agressif. En effet, la poitrine masculine étant plus petite, les cellules infectées sont en contact avec d’autres tissus et peuvent donc se propager plus facilement. Le cancer du sein est donc l’affaire de tous.

Comment participer à Octobre Rose dans la Vallée de Seine ?

L’événement le plus important sera bien évidemment la Marche rose organisée le 7 octobre par la Note Rose qui démarrera à 10 h à la plaine des sports Grigore Obreja de Buchelay. Chaque année, ce sont environ 1 500 personnes qui y participent donc n’hésitez pas à garnir les effectifs. Durant le même week-end, Issou et Porcheville s’associeront également pour une marche rose mais aussi des stands de préventions ainsi que des activités sportives. Tous les dons récoltés seront reversés à parts égales à l’association La ligue contre le cancer 78 et à l’association La Note Rose.

À Aubergenville, ce sera en fin de mois grâce à l’association Pluri’elles. Le 28 sera la journée dédiée exclusivement à la sensibilisation grâce à la collaboration de plusieurs partenaires, principalement des professionnels de santé (socio/esthétique, pharmacie, kinésiologie). Ils interviendront durant toute l’après-midi au centre social municipal auprès d’un large public. Le lendemain, il y aura une marche solidaire d’une distance de 4/5km. Comme chaque année, Pluri’elles demande à chaque participant de contribuer à hauteur de 5 euros, en sachant que la totalité des fonds sera reversée à la ligue contre le cancer du 78.

Et si vous désirez savoir ce qui se passe dans votre commune, n’hésitez pas à les appeler ou à consulter leur site internet.