« J’ai toujours fait mes gâteaux comme si je les faisais pour ma grand-mère. » En respectant ce crédo Pierre Leriche réussit parfaitement sa vie de pâtissier. Tout d’abord en étant sacré meilleur apprenti de France en 2017. « Même si je considère que j’ai été premier le jour J car d’autres ne souhaitent pas y participer » tempère-t-il. Pourtant son parcours démontre qu’il n’a pas usurpé ce titre : son apprentissage au sein de la pâtisserie Yvrard – une référence à Cherbourg – 1 an chez le meilleur ouvrier de France (MOF) Christophe Renou à Genève, et responsable de trois boutiques à Amsterdam.
Il était d’ailleurs en poste dans la capitale néerlandaise lorsque le confinement frappa l’Europe. Il revint alors dans ses terres natales normandes et afin d’éviter d’être oisif, il cherche à perfectionner sa technique sur l’étirage du sucre. Mais pour faire cela, il lui faut une lampe pour chauffer ce matériau mais il ne voulait pas non plus dépenser plusieurs milliers d’euros : « Je m’en suis alors créé une et mon cousin Antoine m’a dit qu’il pouvait aussi les réaliser ».
Une histoire de Normands
Les idées fourmillent entre le pâtissier et le dessinateur-projeteur, et, de fil en aiguille, ALEP France naît. Les deux hommes ne se lancent pas tout de suite dans l’aventure puisque Pierre prend un poste à Bruxelles et aide le gérant à passer ses concours de MOF tandis qu’Antoine travaille toujours à côté. Mais le rêve de devenir son propre patron prend le dessus et il franchit le cap cet été. Installés à Ecquevilly, pâtisserie et matériel de pâtisserie se côtoient désormais. « C’est génial car je peux utiliser les produits que nous fabriquons » s’exclame-t-il, « de plus la vente des gâteaux permet de financer nos projets car nous voulons dépendre de personne. »
L’innovation n’est pas que dans le matériel qu’ALEP France propose mais aussi dans ses gâteaux. « Quand je regarde un dessert, je réalise mentalement une vue éclatée et après je le reconçois à ma guise » explique Pierre. De plus sa carte joue sur les saisonnalités : « Les goûts et les envies diffèrent suivant les périodes de l’année. En hiver, nous préférons plutôt le chocolat et la cannelle alors qu’en été, c’est plutôt l’aspect frais des fruits. » Ainsi que sur la manière de procéder. Tout est vendu en click and collect, ce qui permet aux clients de discuter lorsqu’ils viennent chercher leur produit. Surtout les gâteaux sont réalisés le jour même. « Je veux que mes pâtisseries soient fraiches. Ils peuvent commander sur le site jusqu’à 13 h en semaine et le week-end jusqu’à 5 h du matin. Et moi jusqu’à 17 h, je les prépare » explique le meilleur apprenti de France.
Depuis son installation à Ecquevilly, les affaires sont florissantes – ALEP France a déjà quadruplé son chiffre d’affaires sur la vente de dessert – et Pierre continue à vouloir toujours épater ses habitués : « Pour Halloween je vais confectionner une soixantaine de crânes en chocolat avec des gourmandises à l’intérieur. Et si cela fonctionne, je recommencerai pour Noël. »