Conseil municipal : la débandade

Une nouvelle démission dans l’équipe majoritaire, une première adjointe qui avoue avoir bafoué un scrutin secret, l’opposition conduite par Jean-Luc Santini (Mantes Unie), qui quitte la salle en signe d’indignation, suivie par Michael Bordg : le conseil municipal du 2 octobre dernier a donné une image catastrophique de Raphaël Cognet et de son équipe.

« Elle a perdu une occasion de se taire ! ». Dans son bureau du premier étage, entouré de quelques proches, Raphaël Cognet ne décolère pas. Cible de son courroux, Edwige Hervieux, sa première adjointe. Quelques minutes plus tôt, lors d’un conseil municipal de plus de 3 heures, elle s’en est prise verbalement à l’élue démissionnaire Graziella Devin. Son tort, avoir décidé d’aller grossir les rangs de l’opposition. Et de rejoindre par la même occasion Michaël Bordg, évincé fin juillet de ses fonctions d’adjoint, lui aussi pour ­insubordination supposée.

Malgré les tapes amicales sur l’avant-bras de son voisin Ibrahima Diop qui l’appelle à la pondération, la première adjointe se lâche au micro à l’égard de son ex-équipière désormais opposante qui vient de lire un texte expliquant les raisons de son départ : « Tu es fragile, je te plains. Si elle n’avait rien à se reprocher, elle pouvait montrer son bulletin de vote ».

Cette révélation dont elle ne mesure pas les conséquences fait bondir Guillaume Quévarec, chef de fil du Printemps Mantais qui rebondit sur l’incongruité des propos tenus en les répétant, visiblement effaré de cet aveu : « Si elle n’avait rien à se reprocher, elle pouvait me montrer son bulletin de vote. Voilà ce que vient de dire Madame Hervieux. C’est enregistré, moi ça m’amuse. C’est complètement illégal ».

Quant aux membres de la liste Mantes Unie pour l’Avenir, ils s’insurgent vigoureusement. Un « c’est scandaleux », véritable cri du cœur monte de leurs rangs. Ils constatent que la majorité vient de montrer son vrai visage. Aux yeux des Mantais présents dans la salle comme de ceux qui suivent la séance en direct sur Facebook. La vérité éclate enfin au grand jour. Il n’y a pas la blanche colombe Cognet d’un côté et de l’autre les abominables bédiéristes et gauchistes. La duperie a vécu.

Factuellement, Edwige Hervieux vient de reconnaître publiquement que le vote des grands électeurs en conseil municipal du 24 juin en vue des sénatoriales du 24 septembre dernier était bien dirigé et placé sous haute-surveillance par Raphaël Cognet, lequel n’a visiblement aucune confiance dans les membres de son équipe. Et que la confidentialité du vote que la loi exige a bel et bien été bafouée.

Ce qui peut déboucher sur un signalement au préfet, lequel pourra dans ce cas saisir le Tribunal Administratif de Versailles. Ce ne serait pas une première à Mantes-la-Jolie ces derniers mois. Constatant que ce fameux conseil municipal de juin réuni spécialement pour la désignation des grands-électeurs avait donné lieu à des délibérations non conformes au droit, le représentant de l’État dans les Yvelines avait saisi dans la foulée la justice administrative, laquelle annulait les décisions prises et Raphaël Cognet se retrouvait contraint de reconvoquer un conseil municipal le 24 juillet, en pleine période de vacances.

Mais revenons à l’essentiel, cette nouvelle démission d’une conseillère municipale du groupe majoritaire après l’éviction de Michaël Bordg de son poste d’adjoint qui a fait sortir de ses gonds la majorité municipale. Graziella Devin avait expliqué que, malgré son soutien à Michaël Bordg, initialement, elle ne comptait pas quitter le groupe majoritaire pour rejoindre son collègue dans l’opposition mais, a-t-elle relevé dans sa déclaration : « Je n’aurais jamais pu anticiper le déferlement de haine et de pression auquel j’ai fait face depuis lors, relève-t-elle. Cette expérience a été bien plus éprouvante que je ne l’imaginais simplement pour avoir fait le choix de soutenir la vérité et de condamner le mensonge. Ces épreuves m’ont affectée jusque dans ma santé. Je confirme les agissements de la première adjointe et du maire. Je peux citer l’exemple de la pression exercée par Madame Hervieux lors des élections des grands électeurs, elle a cherché à connaître mon vote et a même exigé les bulletins de vote restants pour avoir un contrôle total sur ma décision ».