Les chiffres sont toujours aussi éloquents. 20 % moins présentes sur internet que les hommes, les femmes ont pourtant 27 fois plus de chance de subir du cyberharcèlement que leurs homologues masculins, selon une enquête de l’ONU. Afin de rappeler cette terrible réalité, le collectif « Nous Toutes 78 » organisait un débat sur ce thème au Pandora d’Achères avec la diffusion de « Je vous salue salope » – documentaire québécois de Guylaine Maroist et Léa Clermont-Dion – en prémices. Durant 1 h 20, des politiciennes, une influenceuse et même une enseignante racontent leurs souffrances et leur incompréhension face à cela.
Effet voulu par les réalisatrices, chaque insulte résonne comme une balle de pistolet. Kiah Morris, représentante du Vermont (Etats-Unis) s’est prise de plein fouet la montée de la haine en ligne à cause de l’élection de Donald Trump. Laura Boldrini, députée italienne, a vu le maire de Pontinvrea lancer un appel sur Facebook afin de « la violer pour lui redonner le sourire ». Alors que Laurence étudiait pour devenir professeur des écoles, elle et d’autres de ses camarades ont subi des injures de la part d’un de leur camarade dans le but de les détruire psychologiquement. Ces femmes ont tenu bon, et pour prendre le contre-pied, l’influenceuse française Marion Séclin en est venue à s’autoproclamer « championne de France de Cyberharcèlement » dans une conférence TEDx. Toutefois elles regardent toujours derrière elles pour s’assurer qu’aucun danger ne les guette.
Cependant, un problème demeure : la législation diffère suivant les pays. Kiah Morris et Laurence n’ont pas réussi à faire condamner leurs cyberharceleurs contrairement à Laura Boldrini. La France s’est équipée de PHAROS ainsi que la loi AVIA. Dans l’Union Européenne le règlement DSA (Digital Services Act) est entrée en vigueur en août 2023 afin d’obliger les réseaux sociaux à modérer les contenus haineux sous peine d’amendes. Par ailleurs, l’éducation doit être grandement pris en compte. Gaëlle Démare du comité « Nous Toutes » indique que son collectif intervient à la demande des professeurs pour parler de l’égalité femme/homme. « Il y a un vrai travail de la culture du viol et de déconstruction à faire » souligne Fabienne, de ligue des droits de l’Homme 78 en prenant comme exemple les nombreux contenus avilissants présents sur les sites pornographiques. Le chemin reste long et ne plus se taire permettra de faire bouger les choses.