« Tu ne t’arrêtes jamais, tu vas finir par faire le tour de France » s’exclame la mère de Luc après avoir vu son fils rentrer du sport. Elle ne croyait pas si bien dire : depuis le 3 septembre, le jeune homme de 24 ans s’est lancé dans ce périple en partant de son sud natal. 99 jours, 76 étapes, 3 285 km, dans le seul but de sensibiliser sur la place du handicap dans le monde professionnel. Car Luc est le premier concerné. Lors de sa naissance, son cerveau n’est pas assez oxygéné et provoque la dystonie. « C’est un cousin éloigné de Parkinson. Moi j’ai des problèmes d’élocution et de la motricité fine » explique-t-il. Heureusement, un membre du personnel hospitalier s’en aperçoit, ce qui permet de prévenir ses parents et de mettre en place un protocole pour amoindrir ses troubles.
« Le Judo m’a vraiment sauvé » concède le jeune homme. Inscrit dès l’âge de 3 ans, il noue une relation particulière avec son professeur Bruno Requena. Malgré son handicap, il reste un grand amoureux du sport. En 2021, alors qu’il effectue un stage en entreprise pour sa première année de Master, ses collègues lui proposent de participer à un triathlon, « mais je ne savais ni nager, ni courir, ni faire du vélo » s’amuse-t-il. Et après 5 mois d’entraînement, il le finit brillamment. Pas rassasié, c’est à ce moment-là que naît l’idée de faire le tour de l’Hexagone.
Son mentor le qualifie de « fou » mais l’aide à construire ce projet : « Au début, je voulais réaliser 100 km par jour. Nous avons réduit à 50 avec 10 à pied et 40 en vélo. » Il prend alors une carte de France, son compas, identifie quelques grandes villes et le tour est joué. Pour l’accompagner pendant le trajet, trois personnes se relaient dont sa mère car « il faut bien qu’elle assume ses paroles jusqu’au bout » et son meilleur ami. Financièrement, il a pu compter sur la société dans laquelle il était en alternance Welcome Family qui a aussi fabriqué des goodies à son effigie ainsi que créé son site internet autourdelucio.com. Par ailleurs, Decathlon lui a fourni son vélo. Arrivé au stade municipal de Porcheville aux alentours de 18 h, Luc a pu délivrer son message auprès des quelques curieux présents : « une personne handicapée est une personne avant tout ».