Note sombre pour le Rose trip

Alors que 800 trekkeuses s’élançaient pour la bonne cause, de nombreuses participantes du Rose Trip sont tombées malades au Maroc. Parmi elle, Maha, Mantevilloise, qui raconte son calvaire jusqu’à son retour en France.

Crédits : Cécile Sérénité

« Ils ont tout gâché ». Maha est dégoûtée et il y a de quoi. Comme prévu, elle et ses deux acolytes, Hélène et Christine, se sont envolées pour le Maroc afin de participer au Rose Trip, un trek 100 % féminin pour la bonne cause : la sensibilisation au cancer du sein. Les trekkeuses réussissent à réaliser les trois boucles prévues malgré le défi physique que cela représentait, Maha supportant même une entorse à la cheville survenue le deuxième jour. « Nous étions fières de nous » ajoute-t-elle. Le rêve tourne au cauchemar le soir du troisième jour lorsque la Mantevilloise commence à voir les membres de ­l’organisation équipés de masque.

« En plus de ma cheville, cela faisait 48 heures que je me sentais barbouillée, je décide donc de ne pas participer à la marche solidaire » raconte Maha. Quand elle rentre dans la tente afin de se faire ausculter, l’odeur des différents fluides corporels lui sautent à la gorge. « C’était un défilé de filles vers les toilettes, certaines juste en culotte voire en sac poubelle car elles n’avaient plus rien à se mettre » narre la trekkeuse. Pour elle aussi cela commence à être la descente aux enfers : son corps est recouvert de plaque rouge. C’est dû au frottement de son strap, du sable et à la transpiration lui rétorquent les équipes médicales. Les trois femmes décident alors de quitter le bivouac juste en prenant leurs médailles et sans signer de dérogation. « Je me demande même si l’organisateur sait que nous sommes parties » s’amuse-t-elle.

Les symptômes s’aggravent, la nuit, Maha ne trouve pas le sommeil à cause d’une fièvre à 40° et le lendemain elle reste frigorifiée malgré trois couvertures. Elle finit par aller à l’hôpital d’Errachidia où elle sera perfusée. De retour en France depuis le 2 novembre, l’employée de la Mairie de Mantes-la-Ville est allée consulter son médecin afin de réaliser une coproculture et un bilan sanguin. Cela pourrait être la bactérie Shigella ou d’Escherichia coli entéro-invasifs d’après les retours d’autres participantes malades.

Maha met surtout en cause l’organisation de Désertours. « Il y avait une quinzaine de toilettes pour 800 femmes, seulement 2 personnes pour nettoyer. Il y avait une fosse septique à ciel ouvert, non loin de la tente de la cuisine » s’offusque-t-elle « et juste avant notre trek sur notre bivouac, La Rose des Sables (rallye 100% féminin au Maroc, ndlr) a eu le même problème qui n’a donc pas été traité. » En tout 200 personnes sont tombées malade, 23 ont été hospitalisées sur place au Maroc et 12 en France.

Quant à l’organisateur, il explique dans un communiqué que « différentes mesures ont été déployées avec le médecin coordinateur et nos équipes médicales sur place pour préserver la santé des participantes ». Une enquête a été ouverte par les autorités ­sanitaires du Royaume.